à la marche d'hier, les islamistes étaient les plus grands absents. Les partis de cette obédience, qui faisaient l'actualité dans un passé pas très lointain, n'y ont pas pris part, hormis l'ex-numéro deux du parti dissous Ali Belhadj, pourtant annoncé comme interpellé la veille, lors d'une tentative de marche. Il a fait une apparition furtive à la place du 1er-Mai avec une garde prétorienne de six bonhommes. Le temps de rentabiliser auprès des médias étrangers son image de trublion, il a quitté les lieux, non sans avoir tenté vainement d'approcher Amazigh Kateb, le fils de Kateb Yacine (l'auteur de Nedjma), qui l'a rabroué, et même d'influer sur les jeunes qui chahutaient le rassemblement. En vain puisque l'événement, encore un après celui des émeutes du début de l'année, où il a été pris à partie par la population, a démontré que cette jeunesse n'accepte plus aucune tutelle politique, encore moins les idées qu'elle véhicule. Du coup, les islamistes que l'on présentait par ailleurs comme un épouvantail n'ont aucune emprise sur la société algérienne de 2011. Soit pour avoir été mis hors circuit par une image ternie, soit par autocensure. A titre d'illustration, le MSP, l'un des partis de l'Alliance présidentielle avec le FLN et le RND, a justifié sa non-participation par de profondes divergences politiques avec les idées véhiculées par les auteurs de l'initiative qui ont appelé à «séparer la politique de la religion». Il a affirmé «ne pas assumer les initiatives individuelles», mais tout en respectant «le droit des forces politiques et sociales à s'exprimer par tous les moyens civilisés dont les marches pacifiques loin de toute atteinte à l'ordre public». Cela est d'autant vrai pour les mouvements El Islah et En Nahda, deux formations créées par Djaballah et d'où il a été éjecté, dont les fidèles ont aussi brillé par leur absence pour avoir préalablement décliné l'invitation de la Coordination nationale pour le changement démocratique (CNCD). Le premier responsable du mouvement El Islah a déclaré bien comprendre les motivations des auteurs de l'appel à la marche, lui qui ne cessait de se plaindre de son exclusion du champ politico-médiatique, mais que la marche ne faisait pas partie de ses priorités de l'heure. En Nahda, lui, ne prend plus part aux marches depuis belle lurette. A l'image de tout courant islamiste qui n'a plus pignon sur rue, ces partis légaux n'attirent plus beaucoup de militants pour plusieurs raisons. A commencer par les effets d'une conjoncture marquée par deux décennies de violence et le souci des partis islamistes de s'inscrire dans le cadre légal, qui a imprimé leurs positions, devenues quelque peu timorées par rapport à une certaine base qui se nourrissait des discours radicaux. Plus soucieux d'une restructuration de leurs rangs, les partis de cette mouvance n'occupent plus le devant de la scène politique faute d'éléments, mais tentent de gagner plus de crédibilité en vue de se préparer aux prochaines échéances électorales. A. R.