L'ex-numéro 2 du parti dissous, Ali Benhadj, a été libéré hier, après avoir bénéficié de l'extinction de la poursuite judiciaire, conformément aux dispositions de l'ordonnance portant mise en application de la charte pour la paix. Selon des sources judiciaires, Ali Benhadj a quitté la prison d'El Harrach où il était maintenu en détention préventive depuis le 27 juillet 2005. Il avait été placé sous mandat de dépôt pour les graves propos tenus à la chaîne qatarie Al Jazeera après avoir été inculpé pour « apologies de crimes terroristes, incitation au meurtre et publication d'écrits faisant l'apologie du terrorisme ». Ali Benhadj avait poussé le bouchon très loin lorsqu'il avait déclaré sur la chaîne Al Jazeera que l'enlèvement des deux diplomates algériens en Irak, commis par les frères d'Al Qaïda, ne les visait pas en tant que « personnes », mais en tant que « représentants d'un Etat ». « Leur arrestation, a-t-il ajouté, est liée à leur statut de représentants d'un Etat et la présence de cet Etat dans un pays sous occupation ne peut être qu'une caution à l'occupant. Ce qui est à l'encontre de la charia, de la politique et du bon sens. » Cette déclaration est intervenue alors que les deux diplomates algériens étaient toujours entre les mains de leurs ravisseurs. Leur exécution sauvage avait été annoncée publiquement, quelques heures plus tard. Le 3 octobre 2005, alors que l'instruction de cette affaire était toujours en cours, le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, a enfoncé le trublion du parti dissous en affirmant que les services de sécurité avaient récupéré dans son domicile des documents destinés à la préparation d'actes de violence. Une accusation que les avocats de Ali Benhadj ont rejetée, prétextant l'absence de preuves et de poursuite de ce chef d'inculpation Les avocats ont également appelé les autorités à appliquer les dispositions de la charte, qui, selon eux devra concerner leur mandant. Ainsi, ce dernier vient de bénéficier de l'extinction de la poursuite, et donc de la liberté, tel que prévu par la charte. Si cette loi l'a blanchi de ses appels au meurtre, il reste néanmoins la mémoire collective qui ne pourra oublier qu'au moment où l'Algérie entière condamnait l'enlèvement de ses deux représentants en Irak, Ali Benhadj n'a pas trouvé mieux que de justifier cet acte ignoble.