Des heurts ont éclaté hier au Yémen entre les forces de l'ordre et des manifestants antigouvernementaux qui tentaient de marcher sur le palais présidentiel de Sanaa. Peu avant les affrontements, l'opposition a accepté d'entamer des pourparlers avec le président yéménite, Abdullah Saleh, qui tente de contenir la vague de révolutions dans la région. «Le peuple yéménite veut la chute du régime», «la révolution yéménite après la révolution égyptienne», ont scandé les manifestants lors du rassemblement qui a réuni 1 000 personnes. Début février, des dizaines de milliers de personnes avaient participé «au jour de colère» organisé par l'opposition pour réclamer un changement de régime. Des affrontements ont récemment éclaté entre partisans et opposants du gouvernement. Saleh, au pouvoir depuis plus de trente ans et qui redoute les répliques de la vague de contestations sans précédent qui touche plusieurs pays du monde arabe, s'est engagé à quitter le pouvoir à la fin de son mandat en 2013 et a promis que son fils ne prendra pas la tête du gouvernement. Il a invité l'opposition à des discussions. «L'opposition ne rejette pas l'invitation du Président et est prête à signer un accord dans moins d'une semaine», a déclaré l'ancien ministre des Affaires étrangères, Mohammed Basindwa, désormais membre de l'opposition. Les pourparlers doivent se tenir sous l'égide de l'Occident ou du Golfe, a-t-il toutefois ajouté. L'instabilité au Yémen pourrait constituer un risque au niveau politique et de la sécurité pour les Etats du Golfe. Les Etats-Unis s'appuient, en outre, sur le Yémen pour lutter contre Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa). 20 000 personnes sont descendues dans les rues au Yémen pour fêter la chute du régime du président égyptien Hosni Moubarak. Dans la capitale Sanaa, un cortège de plus de 5 000 manifestants, composé d'étudiants, de journalistes et de militants des droits de l'Homme, s'est massé devant l'Université de Sanaa et a entamé une marche, brandissant des drapeaux égyptiens. Les forces de l'ordre ont été déployées sur l'itinéraire de la marche des manifestants. Des échauffourées ont éclaté entre des étudiants ayant établi un périmètre de contention pour protéger les manifestants et les forces de l'ordre, et des personnes ont été blessées. Dans le même temps, une marche de célébration de la révolution égyptienne, à laquelle ont participé des milliers de personnes, s'est déroulée dans la ville portuaire d'Aden (sud du Yémen). Les manifestants ont appelé à chasser les représentants du gouvernement de Sanaa dans le sud du pays, ainsi qu'à la sécession de la partie australe du pays d'avec le Nord. Les forces de l'ordre, qui ont tiré en l'air pour disperser les manifestants, ont procédé à plusieurs interpellations. Le Yémen, qui avait connu une ère de partition entre le Nord et le Sud, a été officiellement réunifié en 1990, en vertu d'un accord conclu entre le Congrès général populaire et le Parti socialiste yéménite. Cependant, cet accord a rapidement été violé par les deux parties, dont les affrontements ont repris avant de dégénérer en guerre civile en 1994.