Les manifestations qui ont touché plusieurs pays arabes ont atteint le Yémen dont la protestation gagne en ampleur ces derniers jours.Avant-hier, des milliers de Yéménites sont sortis dans les rues de la capitale Sanaa pour exprimer leur ras-le-bol de la situation socio-économique et politique qu'ils vivent. Ils demandent également le départ du régime du président Abdullah Saleh, au pouvoir depuis plus de trois décennies.Ces manifestations organisées, à l'appel de l'opposition, interviennent au lendemain d'un rassemblement à Shabwa, nord du pays, pour revendiquer des réformes sociales et économiques dans le pays. Selon les médias locaux, les manifestants partisans de la «Rencontre commune», une coalition de l'opposition, ont protesté contre les «décisions unilatérales» du parti au pouvoir et la dégradation de la situation économique dans le pays.Ils ont également appelé à des réformes politiques, en scandant des slogans contre «le renouvellement du mandat» présidentiel et «la transmission héréditaire du pouvoir». Le Congrès populaire général (CPG, parti au pouvoir), a organisé, de son côté, quatre meetings qui ont rassemblé des milliers de personnes dans la capitale pour faire contrepoids aux manifestations de l'opposition.Mercredi, au moins cinq personnes ont été blessées et des dizaines d'autres arrêtées à Shabwa par les forces armées qui ont tenté de disperser les centaines de manifestants qui revendiquaient des réformes sociales et économiques. A Sanaa, des dizaines de manifestants, dont des étudiants, se sont rassemblés devant l'université de la capitale. Réagissant à ces mouvements de protestation, le ministre de l'Intérieur yéménite, Mtahar Rachad El Misri, a affirmé que l'Etat ne tolérera pas l'anarchie et les atteintes à la sécurité nationale. Il affirmé, que les rassemblements et les manifestations organisés par certains mouvements, en référence aux forces de l'opposition dans la capitale Sanaa, doivent être légales. Il a expliqué, dans ce sens, que les manifestations sont soumises à l'obtention, au préalable, d'une autorisation des services concernés, tout en mettant en garde, que les autorités yéménites ne sauraient tolérer l'anarchie et la déstabilisation du pays. Pour sa part, le président yéménite a proposé une hausse des salaires des fonctionnaires et de la solde des militaires.Près de la moitié des 23 millions de Yéménites vivent avec moins de deux dollars par jour. A souligner, que le président Abdullah Saleh, qui dirige le Yémen depuis plus de 32 ans, a été réélu en 2007. Il a proposé un amendement constitutionnel qui lui permettrait de rester au pouvoir à l'expiration, en 2013, de son mandat. Ainsi, au moment où les rues arabes qui signent le début de la fin des «dinausocraties» grognent, le président yéménite veut modifier la Constitution de son pays pour une présidence à vie.