La culture algérienne a toujours trouvé des représentants qui l'ont portée au-delà des frontières. Institutionnelle, elle est «exportée» par le ministère de la Culture et ses démembrements, dans le cadre de manifestations officielles, telles l'Année de l'Algérie en France en 2003 ou les délégations culturelles qui se rendent dans différents pays. Mais, souvent, ces ambassadeurs de la culture algérienne n'ont de représentant que le nom et ne doivent leur présence dans les délégations qu'à leurs relations au sein des sphères décisionnelles et leurs aptitudes à caresser dans le sens du poil. Indépendante, la culture ne peut, par contre, compter que sur les artistes qui le sont tout autant, et il en existe. De plus, parce qu'ils ont fait le choix d'être libres, d'être des artistes au sens réel du terme, de vivre pleinement leur art, ces créateurs ne font aucune concession à la médiocrité et cherchent la perfection pour livrer un produit de haute facture digne d'être porté sur les scènes mondiales les plus prestigieuses qu'ils n'investissent que grâce à des contacts personnels. Ils démarchent des sponsors pour produire, écument la Toile pour promouvoir leurs produits, envoient des demandes de participation à tous les festivals, expositions ou salons et puisent dans leurs propres fonds pour présenter leurs productions, lesquelles décrochent souvent des prix, à la gloire de l'Algérie qui n'aura pas dépensé un centime ni accordé la moindre aide pour ces véritables ambassadeurs de la culture algérienne.De guerre lasse, certains artistes ont fini par partir. Ils ont pris le parti de s'installer dans les pays où l'art a sa place, même si la leur ne sera pas toujours facile à conquérir. Mais ils continuent à produire «algérien», à revendiquer leur algérianité et à dédier tous les lauriers qu'ils récolteront au pays et au peuple algérien. Qu'ils soient musiciens, chanteurs, artistes plasticiens, comédiens ou auteurs, ils mettent un point d'honneur à souligner que leurs sources d'inspiration et leurs racines sont en Algérie, que leur cœur bat au rythme des soubresauts que vit le pays où ils sont prêts à revenir si… D'autres artistes préfèrent, eux, rester et continuer à se battre - car c'est une véritable bataille qu'ils livrent - pour trouver les financements, réunir les conditions nécessaires à leur travail et produire des œuvres de qualité. Et ils réussissent non seulement à créer, mais aussi à éblouir jurys et critiques internationaux avec leurs créations. Les exemples sont légion.Dès lors, on ne peut que s'interroger sur les critères de choix des artistes «représentatifs» qui sont en vigueur chez les gestionnaires et les responsables de la culture institutionnelle. Au vu de la qualité et du prix de certaines productions, on est même en droit de s'élever contre l'exclusion des véritables promoteurs de la culture algérienne à l'étranger de tous les budgets, fonds d'aide, délégations et autres listes de sélection qui sont dédiés à ces pseudo-artistes privilégiés. La culture ne peut s'élever et briller que si elle s'émancipe de tous des carcans administratifs, bureaucratiques, qui centralisent toutes les décisions et tous les leviers de commande. H. G.