Synthèse de Salah Benreguia La volatilité des prix des produits alimentaires doit devenir «la priorité numéro un» du sommet du G20 à Paris. Selon le président de la Banque mondiale, les cours des céréales devraient rester supérieurs à la moyenne jusqu'en 2015 au moins, alors que les prix d'un certain nombre de produits de base sont aujourd'hui proches des pics atteints en 2008. La même source a indiqué que cette hausse signifie que les ménages les plus démunis vont devoir consommer des aliments moins chers et de moindre qualité, et supprimer les dépenses consacrées à la santé et à l'éducation. Et les dernières estimations de cette institution montrent que 44 millions de personnes vivant dans les pays en développement sont tombées dans la pauvreté depuis le mois de juin dernier sous l'effet de la hausse des prix alimentaires, qui continuent leur ascension vers leurs niveaux de 2008. «Les prix alimentaires mondiaux sont en train d'atteindre des niveaux dangereux, et constituent une menace pour des dizaines de millions de pauvres à travers le monde», prévient M. Zoellick, et d'ajouter que «cette hausse des prix est déjà en train de faire basculer des millions de personnes dans la pauvreté et d'exercer des pressions sur les plus vulnérables, qui consacrent déjà plus de la moitié de leurs revenus à l'alimentation», a-t-il souligné. Selon la dernière édition de Food Price Watch, l'indice des prix alimentaires de la Banque mondiale a progressé de 15% entre octobre 2010 et janvier 2011. Il se situe aujourd'hui à un niveau supérieur de 29% à celui d'il y a un an, et n'est plus qu'à 3% de son plafond de 2008. Parmi les céréales, c'est le blé qui a le plus augmenté. Le prix de cette céréale a, en effet, doublé entre juin 2010 et janvier 2011. Le maïs a, quant à lui, progressé de 73%, mais le prix du riz a, en revanche, augmenté plus lentement que celui des autres céréales. Les prix du sucre et des huiles comestibles ont, eux aussi, fortement grimpé, et d'autres denrées essentielles à une alimentation diététiquement variée ont suivi le mouvement : c'est par exemple le cas des légumes en Inde et en Chine, ou des haricots dans certains pays d'Afrique. «L'augmentation du nombre d'individus que cette flambée des prix a fait basculer dans l'extrême pauvreté (définie comme vivant avec moins de 1,25 dollar par jour) est associée à un surcroît de malnutrition, car les pauvres se nourrissent moins et sont contraints de se procurer des aliments qui sont moins coûteux mais aussi moins nutritifs», explique la BM. Face à cette situation complexe, la BM s'apprête à dégager près de 1,5 milliard de dollars. Via ce fonds, la BM compte apporter son assistance à une quarantaine de pays à faible revenu sous la forme d'aides agricoles (nouvelles semences améliorées, systèmes d'irrigation) et d'aides alimentaires destinées aux populations les plus vulnérables. Sur le plus long terme, la BM s'emploie à augmenter ses dépenses dans le domaine de l'agriculture, avec une moyenne annuelle de 6 à 8 milliards de dollars, contre 4,1 milliards en 2008.