Bâti dans les années 90, l'empire Brahim Hadjas s'articulait autour d'un groupe de dix filiales dont la colonne vertébrale est la banque baptisée Union Bank. Autour de l'entreprise financière gravitaient Union Pêche, Union Santé, Union Immobilier, Union Li Industrie, Air Fret Service, China Trading, Algeria Aviation Services, Ub Brokerage (intermédiaire dans des opérations de Bourse). Somme toute, un empire économique qui étendait ses ramifications vers toutes les filiales économiques porteuses, jusqu'à ce que la justice se saisisse du dossier en 2004, mettant ainsi un frein aux ambitions démesurées de Brahim Hadjas et à son appétit vraisemblablement insatiable. Condamné avec ses deux enfants à 10 ans de prison ferme, l'homme d'affaires est actuellement en fuite. Même s'il est de moindre envergure que le scandale d'El Khalifa Bank, il n'en demeure pas moins que le procédé est apparemment identique. Le scandale jugé il y a quelques mois révèle des malversations tout aussi scabreuses, rendues possibles par la disponibilité chez le principal protagoniste d'une manne financière abondante. A l'instar d'El Khalifa Bank, l'Union Bank était pour son propriétaire, Brahim Hadjas, une planche à billets, d'où il s'approvisionnait pour contracter des marchés douteux et faire des acquisitions illégales. L'affaire du foncier de Bouchaoui mettra en exergue les 22 milliards de centimes puisés dans les caisses de la banque pour acheter une quinzaine d'exploitations agricoles collectives (EAC) et 3 exploitations agricoles individuelles (EAI). Les faits remontent à 2002. Grâce à la mise en place d'un réseau d'intermédiaires, l'homme d'affaires met la main sur pas moins de 320 hectares de terres fertiles disséminées à Chéraga et à Zéralda, sur d'anciens domaines de Bouchaoui, d'Ouled Fayet, d'Aïn Benian et de Staouéli. Figurant parmi les investigations sur les spéculations foncières touchant le patrimoine agricole de l'État dans la capitale, l'enquête diligentée par le groupement de la gendarmerie d'Alger en 2005 met en cause directement Brahim Hadjas et sa progéniture. Un réseau d'intermédiaires créé par l'homme d'affaires est démantelé à cette occasion. Les intermédiaires étaient en contact avec les exploitants et avaient pour mission de conclure les transactions. En contrepartie, ils ont touché 900 millions de centimes, dont une partie était libellée sur des chèques au nom des agriculteurs. Les instances judiciaires ont reçu le second rapport d'enquête concernant l'homme d'affaires Brahim Hadjas. Le rapport sur les 11 filiales du groupe «Union Bank», dissous par le gouverneur de la Banque d'Algérie en 2004 à cause de la violation de la loi sur la monnaie et le crédit, a mis à découvert les importantes sommes transférées par l'homme d'affaires vers l'étranger. L'enquête révélera par la suite que le montant de ces transferts avoisine la bagatelle de 90 millions de dinars. L'homme d'affaires usera donc des dépôts des clients pour concrétiser une partie de ses investissements et réaliser ses différents projets dont le détournement des 22 milliards de centimes qu'il a utilisés pour acquérir des terrains agricoles à Bouchaoui. Les enquêtes ont montré que les fonds du groupe Union Bank, qui ont été détournés vers une des banques arabes sise à Paris et vers le compte d'une institution économique française, ont fini par être récupérés par les enfants de l'homme d'affaires pour être placés dans le compte du père. La liquidation d'Union Bank avait décidément un air de déjà-vu. Néanmoins, il est à se demander comment cet homme d'affaires aux allures d'un grand investisseur a pu agir dans l'illégalité la plus totale sans être inquiété durant de si nombreuses années ? G. H.