Les troubles qui gagnent en recrudescence en Libye font fortement augmenter les cours de pétrole. Hier, le baril s'est établi au-dessus de 105 dollars : le baril de brent de la mer du Nord a grimpé jusqu'à 105,08 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, un seuil jamais égalé depuis fin septembre 2008. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mars coûtait 3,07 dollars à 89,27 dollars, après être monté à 89,78 dollars, son niveau le plus élevé depuis deux semaines.Une tendance alimentée par des inquiétudes sur l'approvisionnement en pétrole libyen, un pays «assis» sur des milliards de barils de brut léger de bonne qualité. Selon l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), la Libye était en 2009 le quatrième producteur de pétrole en Afrique avec une production de 1,789 million de barils par jour, derrière le Nigeria (2,211 mb/j), et l'Angola (1,948 mb/j). La Libye exporte la majorité de son pétrole vers les pays d'Europe, dont l'Italie, l'Allemagne, l'Espagne et la France. Ce pays, qui a mis en place, ces dernières années, une législation pétrolière attractive, veut développer également sa production de gaz naturel dont les réserves prouvées sont estimées à 1 540 milliards de m3, selon l'Opep. Le pays a quasiment doublé ses exportations en gaz naturel en trois ans, de 5,4 milliards de m3 en 2005 à plus de 10 milliards de m3 de gaz naturel par an, toujours selon les chiffres de l'Opep. Cependant, selon des informations fournies par des agences de presse, des compagnies pétrolières et gazières en Libye, à l'exemple de BP et de Statoil, se préparent à évacuer une partie de leur personnel sur place. Si le départ de ces deux entreprises se confirme, cela devrait faire des émules et, du coup, affecter l'économie de ce pays basée essentiellement sur les hydrocarbures. La Libye, membre de l'Opep, est considérée comme l'aile dure au sein de cette Organisation. Pour l'instant, l'organisation pétrolière observe l'évolution de la situation. Si la violence s'y accentue et que l'approvisionnement soit suspendu, les cours de brut devraient atteindre 120 dollars le baril, prédit un spécialiste koweïtien, dans une déclaration à une chaîne de télévision arabe ; auquel cas, l'Opep pourrait rouvrir les vannes pour inonder les marchés. L'Organisation est dans une situation difficile, surtout que la crise politique en Egypte n'est pas encore réglée. Les troubles au pays des pharaons et les craintes qu'ils ont alimentées autour du canal de Suez avaient fait que les prix ont atteint, au fort de la crise, 102 dollars. L'Opep n'a pas touché à ses quotas depuis décembre 2008. Son volume de production tourne actuellement autour de 24,84 millions de barils par jour. Y. S.