A quelques jours de l'ouverture de la 22ème édition du Festival du cinéma panafricain et de la télévision d'Ouagadougou (Fespaco) prévu le 26 février prochain, le délégué général du festival, M. Michel Ouedraogo, a souligné la nécessité d'une véritable volonté politique des Etats en Afrique pour faire de la culture et du cinéma un vecteur de développement sur le continent. «L'implication de tous ceux, décideurs ou partenaires, qui nous entourent est insuffisante. Ils ne donnent pas à la culture - et en particulier au cinéma - la place qu'elle mérite. Il faut qu'une volonté politique se manifeste. Surtout de la part des Etats», précise M. Ouedraogo dans une interview accordée à l'hebdomadaire Jeune Afrique, en ajoutant que «l'Afrique peut et doit fonder en grande partie son développement sur sa culture. Car il s'agit d'un domaine transversal qui concerne aussi bien l'économie que la préservation de l'environnement ou l'éducation». Il est également revenu sur le problème budgétaire dont souffre le cinéma en Afrique. «Il est essentiel que l'Afrique fabrique ses propres images, se confronte à son imaginaire. Les gouvernements doivent en prendre conscience, en aidant à la constitution de cinématographies fortes par des financements directs ou par des incitations indirectes», estime M. Ouedraogo. Néanmoins, il préconise d'accompagner les opérateurs qui veulent agir. «On a, par exemple, créé des banques spécialisées pour l'agriculture, pourquoi ne pas donner pour mission à des banques d'Etat d'aider les projets culturels ? d'aider notamment les réalisateurs qui sont à la recherche de financements ou les entrepreneurs qui voudraient ouvrir des chaînes de salles ?» s'est-il demandé. Interrogé sur le rôle que joue le Fespaco pour promouvoir de telles politiques, le principal animateur du festival biennal a regretté que les organisateurs «n'aient jamais été invités à une conférence de l'Union africaine.» «C'est bien pourquoi il faudrait qu'on devienne une véritable institution panafricaine pour pouvoir porter légitimement la voix des cinéastes auprès des ministères et de tous les responsables, africains et aussi européens, bien sûr», affirme M. Ouedraogo. Concernant la qualité des productions cinématographiques, le délégué général du Fespaco l'a qualifiée d'homogène. «Cette fois, le reproche qu'on nous a fait en 2009 de présenter des films de second plan, voire des navets au milieu d'œuvres beaucoup plus réussies ne pourra pas nous être adressé» promet-il. Rappelons que le 22ème Fespaco s'ouvrira samedi prochain à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. On compte sur douze œuvres cinématographiques entre longs, courts métrages et documentaires pour représenter l'Algérie lors de ce rendez-vous incontournable du 7ème art africain.