Photo : Sahel Par Amirouche Yazid Rejointe par des étudiants d'autres universités et instituts de l'intérieur du pays, la contestation contre le décret 10-315 s'amplifie. Ils étaient plus de 5 000 étudiants à se rassembler hier devant le siège du ministère. Si aucune suite n'a été signifiée pour les revendications des futurs ingénieurs, ces derniers peuvent néanmoins se réjouir de la disparition de l'arsenal répressif mobilisé lundi dernier. Une répression qui a fait une dizaine de blessés mais qui n'a pas eu raison de la détermination des étudiants, qui font preuve de conscience et de maturité devant une tutelle autiste. Quelques-uns, exaspérés, ont tenté de forcer le portail fermé du siège du ministère. Ils ont été rapidement rappelés à l'ordre par… leurs collègues. Les forces de police se sont faites plus discrètes devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Les fonctionnaires du ministère observent, pour leur part, une mobilisation de plus en plus importante. Les procédés de musellement ont pris cependant une autre forme. Les étudiants de l'université et des instituts de Boumerdès ont été empêchés de rejoindre la capitale. «Vous pouvez constater l'absence des étudiants de Boumerdès. Ils nous ont appelés pour dire qu'ils ont été chassés du train après avoir acheté leur ticket. C'est inadmissible. Même le transport universitaire de cette wilaya a été réduit pour affaiblir notre mobilisation. Le ministère ferait mieux de répondre à nos revendications que de tenter ce genre de pratiques qui font honte au pays. Nous sommes des ingénieurs», témoignent des étudiants de l'ENSSEA (ex-INPS). L'exaspération des étudiants semble manifestement atteindre le point de non-retour. Ils demandent le départ de Rachid Harraoubia, traité au passage de tous les noms d'oiseaux. «Aucune réponse ne nous a été donnée par la tutelle. C'est comme si de rien n'était», explique Mohamed, étudiant en 3ème année d'ingéniorat à l'Ecole polytechnique. «Il semble que le ministère est préoccupé aujourd'hui par la tenue du Conseil des ministres. Nous avons ainsi demandé une audience pour la journée de mercredi. Nous ne savons pas si cette audience aura lieu ou non. Même pour le moment, ce statu quo est insupportable», ajoute Mohamed. Déclenchée dans les écoles et autres instituts du centre du pays, la contestation des étudiants a ainsi fini par susciter l'adhésion de toute la communauté universitaire. D'Annaba, d'Oran, de Chlef, ils sont venus, en petites délégations, représenter leurs collègues. «Nous sommes en grève depuis deux semaines. Nous sommes ici quatre délégués de l'Institut de maintenance et de sécurité industrielle (Imsi) d'Oran. Les revendications formulées nous concernent. Les portes de notre institut sont fermées», nous déclare un étudiant en 4ème année de cet institut. Le bras de fer est engagé. A. Y. La DGSN ouvre une enquête La férocité des interventions des forces de l'ordre contre les étudiants qui tenaient, lundi dernier, un rassemblement devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a fait réagir la Direction générale de la Sûreté nationale. Une enquête est ouverte dans ce sens, selon le chargé de communication de la DGSN, qui intervenait hier matin sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale. A. Y. DECLARATION DES ENSEIGNANTS DE L'USTHBI Nous, enseignants de l'USTHB, réunis aujourd'hui, mardi 22 février 2011, au «piquet de grève» suite à la répression par les forces de police des sit-in pacifiques des étudiants en grève des établissements universitaires du pays, le dimanche 20 février et lundi 21 février 2011,après des prises de parole des enseignants et des étudiants : - dénonçons la répression sauvage qui s'est abattue sur les étudiants en sit-in pacifique devant le MESRS, par les forces de police - dénonçons l'absence totale de négociations avec les représentants réels et légitimes des étudiants - demandons l'abrogation immédiate du décret n°10-315 du 13 décembre 2010 - sommes mobilisés pour la défense d'une université algérienne démocratique, publique, performante et pour la défense des diplômes d'ingénieur d'Etat et de magistère. USTHB, le 22 février 2011 Le Collectif des enseignants de l'USTHB