Photo : M. Hacène Par Amirouche Yazid Pour sa deuxième édition, le CHAN a avancé d'un petit point. La compétition, réservée aux sélections composées de joueurs locaux, est devenue une petite CAN. Elle intéresse et attire grâce aux stars de renommée mondiale qui l'animent. Le CHAN mobilise, par contre, les joueurs du continent africain, qui tentent de briller pour prétendre à une carrière professionnelle sur le Vieux Continent. Au passage, certains joueurs voient dans le CHAN une opportunité de taper dans l'œil du sélectionneur de la première équipe nationale. C'est égalementl'occasion d'accélérer le processus de maturation du talent pour certains joueurs déjà sélectionnés en équipe A, mais qui ont une large manœuvre de progression. C'est le cas manifestement des Tunisiens, dignes champions de l'édition soudanaise, M'sakni, Korbi et autre Daouadhi. Ce trio a disputé la CAN 2010 en Angola. Rehaussée par la présence du président de la Fifa, Sepp Blatter, et du président de l'UEFA, Michel Platini, la deuxième édition du Championnat d'Afrique des nations a glané de bons points. Ce qui augure une troisième édition plus captivante au Rwanda. Le CHAN 2011 a été visiblement une réussite vu le décor qu'il a implanté dans un Soudan en proie à un cycle d'incertitudes. La forte présence du public dans les gradins a donné plus de saveur à la compétition. Les matchs à élimination directe ont drainé des foules nombreuses. A Khartoum comme à Oum Dourmane «l'algérienne», les stades affichaient complet : la moyenne d'affluence du CHAN fait réellement concurrence à la très prisées CAN. La comparaison risque cependant de s'arrêter là. Sur le terrain, le niveau de jeu n'a pas été convaincant. La technicité des joueurs n'a pas pu s'exprimer devant la forte mobilisation athlétique. Le jeu ouvert a été brimé par des dispositifs excessivement prudents privilégiés par des coachs locaux qui jouaient leur C.V. Le but splendide de Djabou dans la lucarne de Mathlouti et la balle arrêtée magistralement bottée par Daouadhi contre le Sénégal ont fait sensation. Contre la tendance du verrouillage. Ce penchant pour la prudence a non seulement privé les puristes d'un football plus spectaculaire et ouvert mais a porté incontestablement préjudice à plusieurs joueurs du continent. Combien de minutes a joué Hadj Aïssa dans les six matchs disputés par les Verts. Très peu pour un joueur d'un tel talent. Très inquiétant pour l'avenir du joueur. Et celui des Verts, A et A', qui n'arrivent pas à libérer un joueur bardé de technicité au moment où de supposés avants-centres ne parviennent pas à concrétiser une action à six mètres des bois. A la décharge de Benchikha, le meneur de jeu sétifien serait une des victimes de la prudence excessive des techniciens. Le même constat est valable pour les héros de Carthage, qui ont réservé durant tout le tournoi une place au vétéran Chadli, âgé de 35 ans, même si le jeu de l'équipe devait perdre de sa vivacité. C'est que les nouvelles tendances des techniciens ne laissent pas assez de place aux joueurs à vocation offensive souffrant dans les missions défensives. Cela s'est vérifie par les choix de Benchikha dans l'animation offensive, où Messaoud, qui a joué nettement au-dessous de sa valeur, a bénéficié d'une confiance aveugle. Si l'apport offensif entre les deux joueurs plaide pour Hadj Aïssa, il est clair que les aptitudes à défendre ont tranché au profit du Chélifien. Cela n'empêche pas cependant de dire que le CHAN avance à petit pas pour s'installer dans la cour de la CAN. L'histoire du football africain retiendra que le Soudan a été une étape importante dans l'évolution de la CAN. La deuxième édition indique manifestement que le Soudan est la terre où le CHAN a gagné de bons points. Même si le football développé était en deçà des attentes. Il y aura eu au moins deux heureux à la fin de cette compétition. Le Soudan, pour avoir réussi l'organisation, et la Tunisie pour avoir remporté le trophée. Un joli cadeau pour le peuple tunisien.