L'aviation de l'armée d'occupation israélienne a bombardé dans la nuit de samedi à dimanche une maison palestinienne dans l'est de Dir Al Balah, dans la bande de Ghaza, la détruisant entièrement, a rapporté l'agence de presse palestinienne Wafa. C'est un fait presque banal, diront certains, quand on pense à la guerre d'agression israélienne contre Ghaza durant l'hiver 2008/2009 et qui a fait au moins 1500 morts, plus de 5 000 blessés et laissé près d'un million de civils sans abri. Mais depuis cette date, les habitants de Ghaza ont reconstruit leurs maisons même s'il reste beaucoup de choses à faire en raison du blocus israélien imposé à cette zone depuis quatre ans. Cela n'est pas le cas des habitants palestiniens de la Cisjordanie et d'El-Qods occupées. L'armée israélienne n'intervient pas directement dans la démolition des habitations palestiniennes que le gouvernement de Tel-Aviv juge illégales. Les forces de sécurité préfèrent observer de loin faire les bulldozers des autorités locales israéliennes. Dans la matinée de dimanche, une maison appartenant à une famille palestinienne dans le village de Néguev occidental a été réduite en ruine par les Israéliens sous prétexte de construction sans permis. Les médias et les habitants de Zaroura ont été éloignés de leur village. Hier encore, les autorités israéliennes ont délivré d'autres ordres de démolition de six maisons, d'une mosquée et même d'une école situées dans le village de Ramadhin, au sud-ouest d'Al-Khalil, a indiqué l'agence de presse Wafa. D'autres immeubles au centre-ville d'Al-Khallil seraient également menacés de démolition dans les prochains jours. La ville sainte d'El-Qods n'est pas exempte de cette campagne de démolition. Une dizaine de familles palestiniennes ont reçu l'ordre de quitter leurs demeures qui seront bientôt détruites car construites de façon illégale et ne répondant à aucune norme urbaine. Ce qui n'est qu'un procédé sournois pour contraindre ces familles palestiniennes à quitter les lieux et permettre ainsi à Tel-Aviv d'étendre son influence sur cette zone qui fait l'objet d'une lutte acharnée entre l'occupant israélien et l'Autorité palestinienne. Les deux parties réclament l'appartenance de la ville sainte à leurs territoires respectifs. Autrement dit, aussi bien les Palestiniens que les Israéliens veulent faire d'El-Qods la capitale de leurs Etats. Par ailleurs, l'occupant sous-traite aussi avec les colons juifs qui, tous les jours, débarquent sans être invités dans les villages isolés palestiniens pour les déloger de la manière la plus violente qui soit. Leur action est soigneusement encadrée par les forces de sécurité israéliennes. Ces derniers jours, au moment même où le monde est préoccupé par les troubles qui secouent le monde arabe, les colons juifs ont multiplié la violence à l'égard du peuple palestinien. A Naplouse, à Al-Khallil, dans la vallée du Jourdain ou encore dans les villages isolés autour de Ramallah, les colons juifs ont bloqué certaines routes et tabassé des Palestiniens de passage en leur interdisant de rejoindre leurs domiciles. D'autres colons juifs ont aussi détruit les puits et les récoltes de fermiers palestiniens ont investi certaines maisons et agressé leurs occupants. Dans un long article, publié en août 2008, le journaliste palestinien Khalid Amayreh a dénoncé ces agressions en série des colons israéliens qu'il a qualifiées de «pogroms». A Hébron, où il réside, ce journaliste avait averti que «les attaques ont pris des proportions de pogroms. Fait particulièrement scandaleux, ces agressions se produisent en présence de soldats israéliens qui regardent passivement pendant que des colons fortement armés attaquent des Palestiniens civils sans défense». Et d'ajouter : «Parmi les derniers actes de sauvagerie, on citera une attaque contre une noce palestinienne et la tentative de lynchage d'un garçon arabe près de Hébron, une attaque contre une voiture civile près de Naplouse qui a laissé une fillette de six ans dans un état critique avec une hémorragie cérébrale massive, le passage à tabac et la lapidation d'enfants arabes près de Tuwwani dans le sud de la Cisjordanie et l'incendie de vergers et de champs palestiniens dans plusieurs parties des territoires occupés.» A travers ces actes ignobles, Israël poursuit la réalisation de ses objectifs de colonisation. Ces pratiques sèment la terreur au sein des civils palestiniens dont certains préfèrent aller s'installer dans les camps pour réfugiés où ils deviennent carrément des nomades car à chaque fois qu'ils essayent de s'installer dans un endroit, les autorités israéliennes les en chassent et détruisent leurs demeures. Un projet de résolution des pays arabes visant à sanctionner la colonisation israélienne a été déposé en février auprès de l'ONU mais le veto des Etats-Unis a encore sauvé Tel-Aviv. Est-ce pour longtemps ? On l'ignore mais vu la crise interne que traverse l'Autorité palestinienne et le conflit opposant le Fatah au Hamas depuis 2007, le gouvernement de Benyamin Netanyahou (bien qu'il soit dans une mauvaise posture depuis quelque temps) peut poursuivre ses objectifs de colonisation. Et ce sera encore plus de Palestiniens à prendre la route de l'exil. L. M.