La contestation s'élargit en Jordanie. Une marche d'envergure est annoncée pour la journée de vendredi où 20 000 personnes sont attendues sur le boulevard principal d'Amman. D'autres manifestations auront lieu le même jour dans différentes villes du pays. Les Jordaniens comptent sur ce rendez-vous pour imposer une revendication majeure : une monarchie constitutionnelle. Les personnalités politiques, qui se sont structurées dans une «Commission pour l'instauration d'une monarchie constitutionnelle», veulent atteindre un niveau de mobilisation élevé pour que leur revendication soit satisfaite. Ladite commission a publié, avant-hier, son premier communiqué dans lequel il est soutenu que «la solution pour la Jordanie est de passer à un régime de monarchie constitutionnelle (...) dans laquelle le roi règne, mais ne gouverne pas. Le roi doit rester le dernier recours, un équilibre entre les pouvoirs et une garantie de sécurité». En plus de l'appel lancé par cette commission pour une marche grandiose vendredi prochain, des partis de l'opposition veulent, chacun à sa manière, imposer le changement. C'est le cas du Front de l'action islamique (FAI), qui formule des revendications, formellement distinctes de celles de la Commission, mais qui vise la même finalité : une monarchie constitutionnelle. «Nous réclamons des amendements à la Constitution, notamment dans la loi électorale, et prônons un système de gouvernement parlementaire avec un Premier ministre élu et non désigné par le roi, comme c'est de vigueur actuellement», note un responsable politique du FAI, le parti le plus ancré au sein de la société jordanienne. Le parti ne veut pas cependant faire cavalier seul dans l'opposition. «Nous allons étudier toutes les propositions et tenter d'unifier les idées. Le FAI réfléchit à un cadre national qui pourra inclure toutes les initiatives des différents regroupements politiques», a expliqué un membre du parti. Côté gouvernement, le Premier ministre Maârouf Bakhit - qui a pris la place de Rifaï, sacrifié sous la pression de la rue - a présenté le programme de son gouvernement au Parlement. Ce dernier entamera aujourd'hui les débats précédant le vote de confiance. Le Premier ministre, M. Bakhit, voulait apaiser la tension des populations par le biais de promesses. Il a ainsi promis des réformes. Parmi ces promesses figure l'amendement de la loi électorale d'ici à la fin de l'année. Cette promesse semble néanmoins agacer les partis de l'opposition. «Le processus prendra du temps», a dit M. Bakhit, ce qui n'est pas du goût des opposants. «Ce programme n'est pas sérieux. Evoquer la fin de l'année pour amender la loi électorale n'est pas acceptable et contredit les demandes populaires», se défend Bani Rsheid du FAI. Pour ce parti, «le gouvernement a un délai d'un mois pour réaliser des réformes». «Nous poursuivons notre mouvement de protestation. Vendredi prochain, nous prévoyons une manifestation de 20 000 personnes à Amman et plusieurs autres manifestations dans le pays. Plus le gouvernement ralentit son action, plus nous allons faire monter les enchères», promet le responsable du FAI. A. Y.