Une centaine de détenus politiques, parmi lesquels 23 personnes accusées de complot contre la monarchie, ont été libérés hier, selon un député de l'opposition chiite. La libération des détenus politiques était une revendication majeure des manifestants à Bahreïn, où, depuis le début du mouvement de contestation, 7 personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées lors de l'intervention des forces de l'ordre, la semaine dernière. Cette libération a été qualifiée de «bonne décision» par Ibrahim Mattar, du parti Wefak, en précisant que des dizaines d'autres étaient toujours derrière les barreaux. 21 des prisonniers relaxés purgeaient des peines pour délits de droit commun, selon la même source qui estime qu'«autoriser les gens à manifester et libérer ces détenus sont des mesures qui vont dans le bon sens». Avant d'accepter un dialogue, les organisations d'opposition demandent à la famille régnante, sunnite dans ce pays à majorité chiite, d'accepter le principe d'une monarchie constitutionnelle. Une initiative en faveur de réformes politiques est aussi l'une des principales exigences des protestataires. Pour maintenir la pression sur le royaume, une manifestation massive a envahi Manama mardi pour demander la chute du gouvernement de ce petit royaume du Golfe gouverné par une dynastie sunnite. La police était absente mais un hélicoptère survolait la marche à l'issue de laquelle, l'opposition a réitéré son exigence d'une monarchie constitutionnelle dans cet archipel où règne la lignée sunnite des Al-Khalifa depuis plus de 200 ans. Mais les manifestants scandaient «le peuple veut la chute du régime» et «A bas les al-Khalifa». A l'autre point de la capitale, plus justement à la place de la mosquée Al-Fateh, des pro-gouvernementaux se sont réunis pour dire leur soutien à la dynastie royale sunnite. Par ailleurs, certainement a court de solutions face à la grogne de la rue et l'ampleur des manifestations en dépit du recours à la répression, notamment lors de semaine dernière, le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa, se rendra dès vendredi en Arabie Saoudite pour parler avec le roi Abdallah du vent de révolte qui secoue son trône. Le monarque saoudien rentre dès ce mercredi 23 février à Ryad, après trois mois d'absence pour raison de santé. La famille al-Khalifa compte sur le soutien sans faille de son voisin saoudien.