Au moins deux manifestants ont été tués et plus de mille autres ont été blessés lors d'une grande manifestation à Sanaa et dans le port de Mukalla, ont rapporté les médias, faisant ainsi monter le nombre de victimes à trente-deux, et ce, depuis janvier, selon les chiffres fournis par Amnesty International. Les forces de sécurité yéménites ont fait usage de balles réelles, tuant une personne dans l'assaut qu'elles ont donné sur une place du centre de la capitale Sanaa où des milliers de manifestants avaient afflué hier matin pour réclamer la chute du régime du président Ali Abdallah Salah, au pouvoir depuis trente-deux ans. Un adolescent de quinze ans et un enfant de 12 ans ont aussi été tués par la police qui a tenté de disperser la foule rassemblée dans le port de Mukalla, à Hadramout, une province du sud-est du pays. A Sanaa, les forces de sécurité ont encerclé, en effet, la place où se trouvaient les manifestants peu après minuit avec des voitures de police et des véhicules blindés de transport de troupes et les ont appelés à rentrer chez eux. A 5 heures du matin, les forces de sécurité ont donné l'assaut, utilisant des gaz lacrymogènes et des tirs à balles réelles. Plus d'un millier de manifestants ont ainsi été blessés par les tirs des bombes lacrymogènes, ont indiqué plusieurs sources. Les Yéménites manifestent depuis plus d'un mois pour demander le départ du président Salah, mais ce dernier reste imperturbable et essaye de négocier sa survie et celle de son régime en promettant des réformes sociales, économiques et politiques profondes. Ce que l'opposition ne croit pas en continuant de se radicaliser de jour en jour et en gagnant davantage de sympathie au sein de la société yéménite qui vit dans une terrible misère. L'utilisation de balles réelles pour disperser les manifestants risque en fait d'accélérer la chute du président Saleh qui a promis, jeudi dernier, l'organisation d'un référendum avant la fin de l'année en cours consistant à adopter une nouvelle Csonstitution qui consacrera un régime parlementaire au Yémen. Ce nouvel engagement du Président n'a pas eu l'effet escompté au sein de l'opposition qui n'est pas prête à croire en les discours politiques de M. Saleh. Et pour cause, la sanglante répression d'hier est un indice de la nature criminelle du régime yéménite qui s'est montré prêt à user de tous les moyens en sa disposition pour museler la voix de son peuple. A noter, enfin, que des centaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées dans les quatre plus grandes provinces du pays avec pour seule revendication le départ du régime en place, à sa tête le président Ali Abdallah Salah. L. M.