L'opposant historique Mahamadou Issoufou a remporté avec près de 58% des suffrages l'élection présidentielle au Niger, selon les résultats provisoires annoncés hier par la commission électorale. Le second tour de la présidentielle, dont le bon déroulement a été salué par les observateurs internationaux, était destiné à rétablir un régime civil après un an de junte militaire, à la suite du coup d'Etat de février 2010 contre Mamadou Tandja. L'investiture du nouveau président est prévue le 6 avril. Fier de sa victoire, Mahamadou Issoufou a «salué et remercié» la junte au pouvoir dirigée par le général Salou Djibo, qui a «conduit ce processus de transition avec beaucoup de doigté et de responsabilité». Il a, enfin, rendu hommage aux militants de son Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) et à ceux du Mouvement démocratique nigérien (Moden) de son allié, l'ex-Premier ministre Hama Amadou. Issoufou partait favori pour devenir le nouveau président du Niger. Quelque 6,7 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce pays sahélien, important producteur d'uranium, mais classé parmi les plus pauvres du monde. Le nouveau président du Niger aura pour tâche de diriger un pays à la position géostratégique particulière et qui fait face aussi à la menace croissanted'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) très active dans le Sahel. Opposant historique Issoufou, 59 ans, accède au palais présidentiel après quatre candidatures infructueuses pour conquérir le pouvoir. Issoufou a nettement devancé Seïni Oumarou, champion du Mouvement national pour la société de développement (MNSD), parti de son grand rival Mamadou Tandja renversé par un putsch militaire en février 2010 après dix ans de règne. Membre de l'ethnie haoussa, cet ingénieur des mines fut employé du géant nucléaire français Areva, qui exploite l'uranium dans le nord du Niger. Premier ministre de 1993 à 1994 sous Mahamane Ousmane, premier président démocratiquement élu, il fut président du Parlement de 1995 à 1996. Aux présidentielles de 1999 et de 2004, il avait été battu par le très charismatique Tandja. Placé sous mandat d'arrêt international pour blanchiment présumé d'argent, il rentre aussitôt de l'étranger à Niamey, où il est accueilli par une foule de partisans de l'opposition. Les observateurs de l'UA et de la CEDEAO ont respectivement mentionné le «caractère transparent et équitable du scrutin» et «l'atmosphère de calme et de transparence» ayant permis aux électeurs nigériens de voter librement. R. I.