Les défections au sein du régime yéménite ne cessent de s'accroître depuis le vendredi sanglant qui a fait plus de 52 morts parmi les manifestants. Hier, un important général proche du président du Yémen Ali Abdallah Saleh a annoncé son soutien aux opposants et, selon la chaîne qatarie Al Jazeera, plusieurs cadres de l'armée et du régime ont fait de même.Depuis le sanglant vendredi à Sanaa, plusieurs ministres, ambassadeurs et cadres du parti au pouvoir ont démissionné. L'hémorragie des cadres autour du président Saleh accroît les risques de guerre civile au Yémen. Le président Saleh a limogé son gouvernement dimanche dernier. Décision qui n'a, en rien, calmé la colère des manifestants qui ne veulent plus rien négocier avec le régime de Ali Abdallah Saleh. Ils ne veulent pas moins que le départ de ce dernier. Même si ce dernier avait annoncé qu'il quitterait le pouvoir en 2013 et promis des réformes politiques, l'opposition n'a pas faibli ; elle se consolide de jour en jour. Lors d'une allocution télévisée, le général Ali Mohsen, un parent du Président contesté, qui commande la zone militaire dans le Nord-Ouest, a dit les soutenir, sans toutefois annoncer sa démission ou demander le départ du président Saleh. Selon Al Jazeera, deux autres généraux, le commandant de la zone est et celui de la région d'Amran au nord de Sanaa, ont annoncé leur soutien aux manifestants, ainsi qu'un ancien ministre de la Défense et conseiller de l'armée. Dans les rangs politiques, l'ambassadeur du Yémen en Syrie, le vice-gouverneur d'Aden, épicentre d'un mouvement sécessionniste, et le vice-président du Parlement ont également démissionné ou annoncé leur soutien au mouvement populaire. «Je démissionne après le massacre de la place Taghyr [place du changement]», a dit l'ambassadeur en Syrie, Abdel-Wahhab Taouaf, à Al Jazeera.Selon les reporters sur place, des chars se sont déployés en force dans la capitale Sanaa, notamment autour du palais présidentiel, après l'annonce de la défection d'un des principaux chefs de l'armée yéménite. A Aden, une autre défection a été aussi remarquable, celle du gouverneur de la ville, la deuxième du pays. «Ahmad Qaatabi a démissionné pour protester contre ce qui se produit dans le pays», selon un fonctionnaire de son bureau. Les défections de responsables du régime du président Saleh, rappelons-le, se sont accélérées depuis la mort de 52 manifestants vendredi à Sanaa. Une attaque attribuée à des partisans du régime. Hier, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a condamné avec force les tirs à balles réelles contre les manifestants au Yémen. «Je condamne avec force l'usage de balles réelles contre les manifestants par les forces de sécurité à Sanaa», a déclaré M. Ban devant les journalistes à l'issue d'un entretien avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, au Caire. «Le gouvernement yéménite a l'obligation de protéger les civils. J'appelle à un maximum de retenue et à mettre fin à la violence», a déclaré M. Ban. «Il n'y a pas d'alternative à un dialogue global portant sur des réformes politiques, sociales et économiques, pour traiter la crise politique.» L'armée a semblé reprendre le contrôle des rues de la capitale dimanche dernier. Les policiers, auxquels les manifestants imputent le carnage de vendredi, étaient remplacés par des soldats en treillis, armés seulement de bâtons en signe d'apaisement. La journée meurtrière de vendredi a incité Saleh à décréter pour une durée d'un mois l'état d'urgence. Celui-ci renforce les pouvoirs de la police et restreint les libertés de réunion et de déplacement. G. H.