C'est à la salle Cosmos, face à des travées pratiquement vides, que les Journées cinématographiques du film francophone tentent tant bien que mal de se poursuivre, malgré l'ambiance tendue engendrée par les manifestations des jeunes d'El Madania qui réclament des logements. Pour le quatrième jour de la manifestation, le Canada a été représenté par le documentaire les Seigneurs de l'Arctique de Caroline Underwood.Evoluant au rythme des six saisons du calendrier inuit, ce film s'intéresse à l'impact du réchauffement climatique sur la chaîne alimentaire des espèces animalières vivant dans ces étendues glaciales. Ni terre ni mer, ces vastes espaces de glace sont menacés par le réchauffement de la planète, ce qui engendre le recul des icebergs et, par conséquent, menace le très fragile écosystème arctique. La réalisatrice embarque son public en compagnie d'ours polaires, un spécimen inquiétant que les scientifiques étudient depuis déjà vingt ans, ainsi que les mystérieuses baleines boréales très difficiles à approcher.Le spectateur aura également droit à une exploration sous-marine qui l'entraîne au cœur du noyau de la chaîne alimentaire, à savoir les algues marines vivant dans la glace et qui constituent le repas principal des baleines. C'est également le cas du plancton et autres micro-organismes marins. Ils constituent une véritable base de nourriture.Présentant les animaux comme les premières victimes du changement climatique, la réalisatrice se penche aussi sur le cas des oiseaux, des phoques et des morses, dévoilant ainsi leur pénible quotidien dans un royaume qui fond. A travers des images pertinentes, elle montre comment les animaux de ce désert de glace tentent de s'adapter dans l'Arctique, leur milieu naturel et originel, aux nouvelles conditions de vie imposées par l'homme, premier responsable du réchauffement de la planète.Le documentaire est également ponctué par des interventions de chercheurs et de spécialistes qui apportent de riches éclairages sur l'avenir de cette région menacée. Rappelons que le documentaire a été produit en 2003 par Glacialls Productions (Jean Lemire) en coproduction avec l'Office national du film du Canada (Eric Michel et Colette Loumede) et Gedeon Programmes avec la participation du Foods Canadian Television. Connue pour son talent, la réalisatrice, depuis la sortie de son documentaire, a collectionné les prix et les distinctions, dont le prix Gemini décerné à la meilleure réalisation en 2004, la première place dans la catégorie «Pollution et réchauffement global» au «EarthVision Film & Video Festival» en 2004, Finalist Award International Wildlife Film Festival en 2005 et le prix Earthwatch Film DC Environmental Film Festival. W. S.