Il n'y a donc pas lieu de paniquer ou de jeter les armes avant la fin des «combats». En sport, rien n'est acquis définitivement et rien n'est perdu d'avance. Mais exiger de notre équipe nationale de battre le Maroc en l'état actuel des choses relève du défi. Non pas que le Maroc soit, par son statut, intouchable puisqu'on l'a vu se plier devant la Centrafrique. Non pas parce qu'il recèle quelques stars qui brillent en Europe puisqu'on a vu ces vedettes peiner devant le Niger et se chercher. D'ailleurs, le match amical disputé le 9 février dernier contre le Niger n'a pas donné beaucoup d'indices à Gerets quant à la capacité de son équipe de pouvoir assurer un résultat. Même si les joueurs marocains pensent que la sélection a beaucoup progressé depuis la venue de l'ex-entraîneur de Marseille, elle n'a pas encore les capacités de venir à bout des Verts. Non pas, non plus, parce que les nôtres ont manqué de panache lors des deux dernières rencontres, car un réveil est toujours possible et arrive souvent quand on s'y attend le moins. Même si les observateurs et les spécialistes estiment que l'annulation du match amical qui devait opposer la sélection algérienne à son homologue tunisienne n'arrange pas les affaires du sélectionneur national, Abdelhak Benchikha, qui a raté une belle opportunité de dégager son onze type, peut néanmoins compter sur la hargne des coéquipiers du capitaine de la sélection algérienne, Antar Yahia, qui ont l'habitude de réagir positivement dans la difficulté, comme ils l'ont bien fait par le passé contre l'Egypte à Omdourman et lors de la CAN angolaise à deux reprises face respectivement au Mali et à la Côte d'Ivoire. Les Algériens sont capables de réaliser des prestations extraordinaires. Alors va-t-on balayer valeur théorique, statistiques et logique pour nous octroyer autant de chances que l'adversaire de dimanche soir ? N'allons pas, cependant, trop vite en besogne, car il y a deux objections qui doivent nous faire réfléchir. La première est la santé des nôtres, morale plus que physique. De partout est parvenu à nos joueurs l'écho défaitiste après leur match nul face à la Tanzanie et la défaite face à la Centrafrique lors des deux premières journées de la compétition. Cela a dû peser lourd sur leur psychique d'autant plus que, dès le départ, on leur a présenté ce troisième match comme le plus difficile des trois. Ils auront beau réagir, les séquelles de ce bourrage de crâne risquent de persister. Admettons quand même que l'entourage parvienne à effacer cette image pessimiste de la tête des joueurs et que la première objection qu'on a émise plus haut soit levée. Reste alors la deuxième qui ne dépend pas de l'entourage, ni des joueurs eux-mêmes, car elle a trait, on s'en doute, à la motivation des Marocains. On aurait pu spéculer sur une déconcentration de l'adversaire s'il était déjà qualifié ou éliminé. Mais comme son sort dépend de ce match, il sera plus que jamais motivé. On aura donc affaire au meilleur onze marocain actuel. Il est vrai qu'il n'est plus aussi fort que naguère. Le match nul face à la Centrafrique et sa modeste prestation devant le Niger, malgré sa victoire, nous donnent raisonnablement un bon pourcentage de chances de gagner. Il serait faux de prétendre réussir en rivalisant de technique avec les Lions de l'Atlas. Ni de les attaquer à outrance, au risque de leur offrir des espaces que, très techniques individuellement, ils pourront exploiter. D'ailleurs, avec le forfait de Youcef Hadji Caen, après celui de Mounir El Hamdaoui de l'Ajax, cette éventualité nous est désormais possible. Les observateurs pensent que le point faible des Marocains est leur défense, mais avec quelle attaque avancée nos joueurs vont-ils la provoquer ? La véritable faiblesse du Maroc est dans l'absence de fluidité dans leur jeu. Une fluidité qui était traditionnellement leur arme préférée. Peut-être que ce handicap relatif permettra à nos footballeurs de se reprendre chaque fois que l'adversaire est en possession du ballon. Ne nous attendons pas cependant à un match technique de la part de notre équipe. Il faut d'abord qu'ellev assure de contenir loin de sa zone des joueurs capables de saisir la moindre occasion. Et comme la victoire est la seule issue qui importe, il faut qu'elle base dès le départ tout son jeu sur les attaques placées bien orchestrées et menées. Dans ce registre, elle dispose de Ryadh Boudebouz, Abdelmoumen Djabou et Hadj Aïssa qui sont capables d'exploiter toute l'inattention. Ce sera un véritable derby régional. C. C. Rouaraoua rassure Alors que le match Algérie-Maroc connaît un engouement exceptionnel et promet d'être chaud, le président de la FAF, Mohamed Rouaraoua, se veut rassurant sur l'esprit du derby : «Tout a été envisagé pour que ce rendez-vous se déroule dans de bonnes conditions, a-t-il confié à l'hebdomadaire marocain El Mountakhab, et qu'il soit à l'image des rencontres qui opposaient les deux pays frères depuis un demi-siècle maintenant.» Le patron de la FAF est néanmoins un peu peiné de constater que l'une des deux formations représentant deux grandes nations du football africain va rester sur le carreau à la fin des éliminatoires : «Je suis sûr qu'elles auraient atteint toutes les deux la phase finale de la CAN 2012 si elles avaient été tirées chacune dans un groupe.»