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L'ONU couvre la première croisade de la déglobalisation
Guéant, dans un faux lapsus, nomme l'agression de son vrai nom
Publié dans La Tribune le 24 - 03 - 2011

Beaucoup finiront par s'intéresser au film des événements et peut-être par se poser quelques questions simplissimes : de quel droit l'aviation française survolait-elle la Libye ; en vertu de quel mandat ? Et de quel droit François Fillon menace-t-il les Etats de la région du Maghreb - sous peine de subir le sort du pouvoir libyen - d'avoir à se conformer aux demandes démocratiques ? Ici, en notre pays, il est temps de se demander à quel pays du Maghreb s'adresse Fillon après que Sarkozy et toute la France officielle ont soutenu la transition démocratique en Mauritanie et engagé une coopération militaire étroite au point de monter des opérations combinées contre des ravisseurs d'otages ; pris acte, dans un retard préjudiciable à leur future influence dans ces deux pays, du passage à la démocratie en Tunisie et en Egypte ; hautement salué l'initiative d'une nouvelle Constitution au Maroc et mis collectivement et solidairement la main à la pâte en Libye ? A quel Etat restant de la liste de la région s'adresse Fillon, sinon l'Algérie, après que Bernard Kouchner, son compère en ingérence «humanitaire», a clairement indiqué que les relations algéro-françaises ne deviendront normales qu'avec le départ de la génération de Novembre et que le porte-voix de Sarkozy - France 24 - fournit tant et tant d'efforts pour le succès des marches de la CNCD, en particulier, et de tout candidat à la direction d'une transition démocratique dans la rue, en général. Pour avoir formé une partie des forces libyennes, pour avoir affaibli cette armée par un long embargo, pour lui avoir vendu et assuré un service après-vente de ses équipements militaires, pour l'avoir attirée vers des concessions majeures sur l'indépendance de la Libye, la France et l'Angleterre - en plus des Etats-Unis - savent dans quel état se trouvent l'armée libyenne et ses différents échelons de commandement. La méthode est éprouvée, rodée, presque mécanique et Sarkozy comme Fillon escomptent une victoire facile. Personne ici ne se trompe sur le véritable enjeu «démocratique» (www.djazairess.com). Les «insurgés» ont été clairs : que les Américains interviennent et ils auront tout le pétrole. Ils seront également reconnaissants à la France : elle aura ses contrats mais surtout elle obtiendra d'eux la reconnaissance officielle d'Israël. Reste le gros problème, ici comme en Libye comme dans n'importe quel pays du monde : une fois Kadhafi à terre, les autres tribus libyennes accepteront-elles le rabaissement de la Libye ? Accepteront-elles le renoncement à la propriété du pétrole et du gaz ? Accepteront-elles d'être la base arrière du démembrement des autres pays du Sahel et de l'Algérie ? Les faits montrent que l'aviation française est prête à massacrer l'essentiel de l'armée libyenne pour ouvrir la route de Tripoli aux insurgés de l'Est libyen et les réserves de pétrole et de gaz à ses compagnies pétrolières. Une fois de plus, l'abondance, voire l'avalanche des aspects émotionnels fabriqués de toutes images, doit soustraire à nos yeux cet enjeu fondamental : la France de Sarkozy, celle du grand capital globalisé, ne peut s'assurer des sources de profits et faire face à la crise économique qui menace sa propre paix sociale et son propre socle national qu'en accédant de force aux ressources naturelles des autres pays (www.mondialisation.ca). Et en prenant de force sa part dans les fabuleux contrats de réarmement et de reconstruction de ces pays fabuleusement riches de leur pétrole. L'Irak a été mis sous la coupe réglée des Etats-Unis avec des miettes pour l'Angleterre. La France néo-conservatrice de Sarkozy n'aura pas les scrupules ni la pondération de la France vieille bourgeoise des gaullistes, pourtant aussi colonisatrice que celle de Sarkozy, mais dans l'intérêt d'une France indépendante des projets américains. Disons que la différence entre les deux est que le gaullisme visait à une grandeur de la France qui garantirait les intérêts de la bourgeoisie française au-delà de ses appétits immédiats et les encadrerait dans une certaine idée de la France avec tous les attendus culturels, dont le langage et le comportement en public. Sarkozy n'en a rien à cirer de cette vieille France. Il veut la casser ouvertement ; l'inscrire dans une
globalisation financière qui ne peut être pour les Français qu'un rattachement des groupes oligarchiques français à un pôle américain unique et à un leadership américain hégémonique au détriment de tous les autres secteurs économiques et sociaux de la France, y compris capitalistes, particulièrement dans le vieux tissu des PMI/PME et des artisans qui finiront pour rester français par tomber dans les bras des idéologies ultra-nationalistes, ersatz d'un patriotisme que le grand capital a renvoyé au musée des vieilleries européennes en cassant les Etats-nations. Cette guerre, comme les autres, reste celle du pétrole et du gaz. Elle est dans les programmes depuis longtemps. Elle appartient à la série des actions politiques ou militaires qui doivent reconfigurer l'Afrique sahélienne - l'Algérie aussi - pour remettre aux Américains la pleine possession des immenses richesses du sous-sol de la région. Le Soudan a été travaillé depuis longtemps pour être amené à une inéluctable partition. Il est fort probable que la non-intervention en Côte d'Ivoire en faveur d'un président «élu» par l'ONU et par Sarkozy - la question peut se poser de comprendre pourquoi la Libye et pas la Côte d'Ivoire ? - vise à pourrir la situation à un point tel que seule la partition «semblera» «naturelle» et «évidente». Le scénario libyen peut tout aussi bien aller dans cette direction. Il se peut même que le grossissement des «fissures» dans la coalition et la discussion des buts de guerre prépare une situation de «ni guerre ni paix» avec des territoires libérés entre les mains de l'opposition et des «territoires entre les mains des tribus loyalistes» en attendant une partition en bonne et due forme. Certaines réalités soigneusement enfouies par les médias dominants finiront par resurgir avec leurs questions inévitables comme la présence des forces spéciales étrangères, comme l'infiltration en Libye de groupes armés wahhabites encadrés par ces forces spéciales, comme le refus immédiat d'une tentative de négociations sous l'autorité du président américain Carter, pourquoi désigner par la seule autorité de Bernard-Henri Lévy qui est le groupe dirigeant de cette insurrection ? Pourquoi, malgré ses armes et le soutien militaire étranger dès son premier jour, cette insurrection n'a pas réussi ce qu'ont réussi les révolutions pacifiques arabes : lier par leur puissance et leur nombre les mains des appareils de répression ? etc.En attendant, nous pouvons déjà lire ce papier édifiant et éclairant : «Insurrection et intervention militaire : tentative de coup d'Etat des Etats-Unis et de l'Otan en Libye ?» de Michel Chossudovsky (www.lepost.fr) et méditer le
rapport de la CIA et l'enthousiasme d'Alexandre Adler à en défendre la conclusion essentielle : il ne reste aux Etats-Unis et à leurs alliés que deux domaines de supériorité : les nanotechnologies et la suprématie militaire pour garder aux Etats-Unis le leadership mondial et l'American way of life. Et rien d'autre. La supériorité dans les nanotechnologies finira par fondre devant les avancées de la Chine et de l'Inde, voire de la Russie. Elles ne peuvent pas assurer une domination mondiale des Etats-Unis. Reste la suprématie militaire qui peut le faire mais dans un laps de temps limité ; en gros deux ou trois décennies. Et c'est donc le seul facteur à la disposition des Etats-Unis pour stopper la montée des puissances concurrentes et pour faire face à la crise de longue durée qui frappe le capitalisme et vient d'enrayer la globalisation : le facteur guerre. C'est le seul facteur à la disposition de Sarkozy et de Cameron pour faire face aux crises qui vont les frapper de plein fouet et c'est pour cela que l'option de la guerre est une option lourde de la France actuelle sur tout l'arc politique constitutionnel de Sarkozy à Mélechon, en passant par le PCF. Et cette classe politique française a profondément conscience que, pour continuer à payer aux Français leur niveau de vie, il faut assurer à la France l'accès direct aux ressources sans avoir encore affaire «aux valeurs de la souveraineté nationale». En parlant de «croisade», Guéant n'utilise pas seulement en public le langage des réunions élyséennes, il indique le caractère d'union sacrée de la quête de pétrole, ou faut-il encore rappeler que, derrière les motifs religieux, les croisades devaient enlever aux Arabes le contrôle de la route de la soie, des routes commerciales vers la Chine. La Chine déjà. L'opposition le rend bien à Guéant. Elle ne discute pas le concept, elle regrette son usage public. Cette agression contre la Libye n'a rien à voir avec les soucis humanitaires. Tony Blair est devenu l'ami de Kadhafi et son conseiller. L'Angleterre y a gagné de l'argent. Tony Blair aussi. Sarkozy a été l'ami et a gagné de l'argent avec Kadhafi et il fut son conseiller. Même chose et peut-être plus pour Berlusconi. Le pauvre Bédouin qui ne pas connaît encore Machiavel a accepté de donner de l'argent tous azimuts, a accepté la responsabilité de tous les crimes qu'on voulait, pourvu que l'embargo soit levé. Il continuait de croire que Sarkozy était son ami, ou Blair ou Berlusconi. Il comprendra ou non que cette longue période avait pour but de le désarmer, de retourner les officiers mécontents ou ambitieux, de lui fourguer des équipements militaires usagés et inutilisables en condition de guerre, etc. Bref, n'importe quelle grand-mère algérienne aurait pu lui expliquer que ses amis européens et américains lui «tiraient le tapis de sous les pieds» (djebdou bih l'ahçira). La guerre menée à la Libye est la première de la crise financière. Elle reste dans des liens très forts avec les guerres précédentes, celle de l'Irak et de l'Afghanistan. Mais elle a des caractères particuliers très forts. C'est la guerre du «sauve qui peut» impérialiste ; celle de «qui va pouvoir se servir le premier». Elle marque l'échec de la globalisation financière, de la gestion capitaliste soft de la planète et une nouvelle course aux matières premières et aux marchés. Elle marque le retour d'un colonialisme direct et décidé à remettre en cause les résultats de la décolonisation. Elle marque également bien d'autres choses aussi que chacun devra méditer.
M. B.


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