Eclipsée par les révoltes qui secouent le monde arabe, la crise politico-militaire ivoirienne ne trouve toujours pas son dénouement en raison du refus du président sortant Laurent Gbagbo de céder son poste à son rival Alassane Ouattara que les Etats-Unis viennent de reconnaître officiellement comme le «président démocratiquement élu» et «légitime» de la Côte d'Ivoire. «Les élections de l'an dernier (28 novembre 2010) ont été libres et justes», a affirmé le président américain Barack Obama dans un message vidéo diffusé par Washington vendredi soir. «Le président Alassane Ouattara est le dirigeant démocratiquement élu de la nation», a-t-il ajouté, avertissant Laurent Gbagbo contre l'aggravation des violences en cours dans le pays s'il persistait à refuser le verdict des urnes ayant donné, au terme du second tour de la présidentielle qui a eu lieu le 28 novembre dernier, Alassane Ouattara comme le vainqueur et le nouveau chef d'Etat de ce pays de l'Afrique de l'Ouest. Obama dira à ce propos que l'entêtement de M. Gbagbo et de ses partisans «mènerait à plus de violence, à plus de civils innocents tués et blessés ainsi qu'à un plus grand isolement diplomatique et économique», ont rapporté les médias hier. Dans son message au peuple ivoirien, le chef d'Etat américain a indiqué qu'il mérite «des dirigeants comme le président Ouattara, qui peut replacer le pays à sa place légitime dans le monde», estimant que «ceux qui choisissent cette voie auront un ami et un partenaire dans les Etats-Unis d'Amérique». La sortie du président américain intervient parallèlement au dépôt d'un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU en faveur du départ de M. Gbagbo. L'Organisation des Nations unies a déjà reconnu M. Ouattara comme le nouveau président des Ivoiriens. Ses forces de maintien de la paix sont présentes en Côte d'Ivoire depuis presque dix ans et suscitent un véritable rejet de la part des partisans de Gbagbo qui réclament leur départ du pays, comme ils réclament le départ de la mission française Licorne dont les troupes sont stationnées à Abidjan. A noter que les violences armées se poursuivaient vendredi dernier à Abidjan entre les forces nouvelles (FN) proches d'Alassane Ouattara et les forces de défense et de sécurité (FDS), fidèles à Laurent Gbagbo. Les violents affrontements à l'arme lourde, entre le FDS et le FN, ont déjà fait plus de cinq cents morts et plusieurs centaines de blessés. Le nombre de personnes déplacées dépasserait le million, selon l'estimation du Haut-Commissariat aux réfugiés dont les camps installés au Liberia voisin n'arrivent plus à répondre au flux massif des populations qui ont fui les violences dans l'ouest de la Côte d'Ivoire. L. M.