Le président sortant ivoirien Laurent Gbagbo, qui se revendique "vainqueur" du scrutin du 28 novembre dernier, souhaite dialoguer avec son rival Alassane Ouattara, soutenu par la communauté internationale comme "président démocratiquement élu". Dans une déclaration à la presse, le président sortant, a appelé son opposant Ouattara à la table pour discuter d'une sortie de crise qui affecte le pays depuis près de deux semaines. "Asseyons-nous et discutons", a lancé Gbagbo à l'adresse d'Ouattara. Au pouvoir depuis dix ans, M. Gbagbo a assuré qu'"il n'y aura pas de guerre" dans le pays en pleine tourmente, après dix ans de crise politico-militaire marquées par une guerre civile ayant suivi le coup d'Etat manqué de 2002. Lui et son rival ont tous deux revendiqué leur victoire à la dernière présidentielle du pays et ont tous deux formé deux gouvernements différents, s'engageant ainsi dans une rude concurrence pour le contrôle de l'administration et des finances publique pour s'assurer le pouvoir. Le gouvernement de M. Ouattara, dirigé par le chef de l'ex-rébellion des Forces Nationales (FN), Guillaume Soro, a appelé l'armée ivoirienne à reconnaître Ouattara comme son "chef suprême". Le président sortant continue d'ignorer toutes les pressions internationales de quitter le pouvoir, en dépit des menaces d'isolement proférées par l'Union européenne et les Etats-Unis à son encontre. Dans une lettre adressée à Gbagbo, le président américain Barack Obama a averti jeudi le président sortant ivoirien qu'il pourrait faire l'objet de sanctions s'il continue à faire "le mauvais choix" en s'accrochant à la présidence de la Côte d'Ivoire. Obama "dit clairement que s'il (M. Gbagbo) fait le mauvais choix (...) nous envisagerons d'éventuelles sanctions contre lui et d'autres, si besoin est", a indiqué le porte-parole du département d'Etat américain Philip Crowley. Pour sa part, la Chine a exprimé son soutien à la décision de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) reconnaissant Ouattara vainqueur légitime de la présidentielle en Côté d'Ivoire. Le Gabon a, quant à lui, demandé aux parties ivoiriennes de "privilégier la paix et la concorde nationale conformément à la position exprimée par l'Union africaine (UA) et la résolution adoptée par l'ONU, face à la crise politique en Côte d'Ivoire. Après la CEDEAO, l'UA et l'Union européenne (UE) ont, à leur tour, suspendu la Côte d'Ivoire en raison de l'anarchie politique qui règne dans le pays depuis le second tour du scrutin présidentiel. "La Côte d'Ivoire a été suspendue "de toute participation aux activités des organes de l'UA jusqu'à l'exercice effectif du pouvoir par le président démocratiquement élu Alassane Ouattara", a affirmé jeudi le Commissaire pour la paix et la sécurité de l'organisation, Ramtane Lamamra, à l'issue d'une réunion tenue par le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA à Addis-Abeba (Ethiopie). Fortement soutenu par le Conseil de sécurité de l'ONU, l'UA, la CEDEAO, l'UE ainsi que par plusieurs pays, l'opposant Ouattara a été donné vainqueur par la Commission électorale indépendante ivoirienne (CEI) avec 54,1% des suffrages. Mais le Conseil constitutionnel, acquis à Gbagbo, a invalidé ces résultats et a proclamé ce dernier président avec 51,45% des suffrages. Le bras de fer entre les deux camps persiste toujours dans un climat de tension accrue qui a déjà provoqué des violences dans le pays faisant au moins vingt morts, selon une ONG des droits de l'homme.