Photo : M. Hacène Par Amel Bouakba Deux mois après le début des mouvements de protestation qui secouent l'université algérienne, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique veut calmer le jeu en ouvrant le débat sur les questions de l'heure avec toute la famille universitaire. La tutelle a réuni hier, à l'Université des sciences et des technologies de Bab Ezzouar, quelque 450 délégués de l'université algérienne, dont 120 représentants des étudiants des différents établissements universitaires.Présidée par le ministre de l'Enseignement supérieur, Rachid Harraoubia, la très attendue conférence nationale sur la transition du système classique d'enseignement au nouveau système licence-master-doctorat (LMD), est venue couronner les rencontres régionales tenues dernièrement au Centre,à l'Est et à l'Ouest (à Boumerdès, Constantine et Oran). L'objectif est d'arriver à un consensus entre les étudiants et les responsables des universités afin de mettre fin à la crise qui agite l'université. Selon M. Harraoubia, «90% des points soulevés par les étudiants ont été discutés et pris en charge». Le ministre s'est dit ouvert au dialogue avec les étudiants, estimant toutefois que «la liste des revendications ne cesse de s'allonger et menace de créer un fossé entre les étudiants du système classique et ceux du LMD». Toutefois, pas question de revenir en arrière pour ce qui est du système tant controversé du LMD. Le ministre a défendu ce système qui, selon lui, a permis à «l'université algérienne de connaître une amélioration sans précédent dans son classement par rapport aux autres universités dans le monde». Les participants se sont penchés en ateliers sur des thèmes d'actualité, à savoir les correspondances et les passerelles à mettre en place pour le passage de l'ancien système d'enseignement supérieur au système LMD. Selon le ministre, «cette rencontre nationale sera sanctionnée par une série de recommandations qui seront traduites en projets de textes susceptibles d'organiser les cursus universitaires et de répondre aux préoccupations de la famille universitaire.» S'agissant du fameux décret n°10-315, du 13 décembre 2010, à l'origine de la protestation estudiantine et de sa principale revendication, M. Harraoubia rappellera qu'il a été abrogé. Peu convaincus par les débats et les résultats des différentes rencontres et notamment la décision de la tutelle de ne pas remettre en cause le système LMD, les représentants des étudiants attendent des actions concrètes pour apaiser leur colère. «Nous ne sommes pas en train de condamner le système LMD, mais qu'on arrête de nous dire que tout va bien et que ce système est une réussite totale», a expliqué Rabah Noël, délégué de l'Ecole supérieure de commerce. Par ailleurs, le recteur de l'université de Constantine, Abdelhamid Djakoune, a affirmé que les trois rencontres régionales des établissements universitaires (Est, Ouest et Centre) ont abouti à un consensus sur «le maintien du système classique jusqu'à son extinction naturelle ainsi que la multiplication des offres d'études en post-graduation à travers l'augmentant des postes pédagogiques». Notons, par ailleurs, que l'Union nationale des étudiants algériens (UNEA) a dénoncé l'attitude de certains responsables d'établissements universitaires «qui n'ont daigné les informer ni les associer aux conférences régionales et à la rencontre nationale».