Au lendemain d'une journée de manifestations sanglantes ayant fait au moins neuf morts en Syrie, le régime en place a procédé hier à une vague d'arrestations. Celles-ci se compteraient par milliers, selon les agences de presse présente dans la capitale syrienne. Les Etats-Unis et l'ONU ont dénoncé le recours à la force contre les manifestations qui ont eu lieu vendredi en Syrie à l'appel d'opposants déçus par l'absence d'annonce par le président Bachar Al Assad d'une réforme démocratique majeure face au bouillonnement de la rue syrienne. Près de 40 personnes ont été appréhendées à Douma, 15 km au nord de Damas, à Homs, 160 km au nord, et à Deraa, épicentre de la contestation lancée le 15 mars, à 100 km au sud de la capitale, selon les militants. Quelque 200 personnes ont manifesté de nouveau devant le palais de justice à Deraa. Quatre autres personnes ont été interpellées après le rassemblement, à la suite d'autres arrestations à l'aube visant l'architecte Khaled Al Hassan, l'avocat Hassan Al Aswad, l'enseignant Issam Mohammed, et Mohammad Fara, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé à Londres. Dans la cité agricole de Douma, où une manifestation s'est terminée dans le sang la veille avec au moins huit morts et des dizaines de blessés, douze personnes ont été interpellées, a affirmé un militant. Les forces de sécurité n'ont rendu que quatre corps aux familles. Dans la ville industrielle de Homs, où des manifestations avaient également eu lieu, l'OSDH a fait état, dans un communiqué, de 17 arrestations. L'agence officielle Sana a accusé, quant à elle, une autre «bande armée» d'avoir tiré contre des manifestants dans cette ville, tuant «une fillette». L'OSDH a exigé dans un communiqué que «soient libérés tous les prisonniers d'opinion, que cessent les arrestations abusives d'opposants politiques et que soient prises des mesures permettant aux citoyens de jouir de leurs droits légitimes de se rassembler pacifiquement et de s'exprimer». Par ailleurs, plus de 2 000 druzes habitants sur le plateau du Golan occupé par Israël ont manifesté hier pour soutenir le président syrien Bachar Al Assad, très contesté dans son pays, a indiqué le site israélien Ynet. Le plateau du Golan occupé par Israël depuis la guerre de juin 1967 a été annexé unilatéralement par Israël en 1981. Environ 18 000 druzes, dont la plupart ont refusé de prendre la nationalité israélienne, vivent dans cette région, tandis que 20 000 colons israéliens s'y sont installés. Les Etats-Unis, qui ne se positionnent toujours pas franchement du côté des manifestants, ont salué, vendredi, «le courage et la dignité» des manifestants syriens, et réitéré leur condamnation de «l'usage de la violence» contre eux. «Il incombe au président Bachar Al Assad de prendre rapidement des mesures pour respecter ses promesses et accélérer l'agenda des réformes», a déclaré Jay Carney, le porte-parole de la Maison-Blanche. De son côté, Ban Ki-moon «a déploré le recours à la violence contre des manifestants pacifiques et appelle à leur cessation immédiate», selon un communiqué de son porte-parole. Mais les Etats-Unis restent convaincus que la situation à Damas est incomparable avec celle qui prévaut en Libye. Washington a, rappelons-le, après des années de brouille avec Damas, choisi de nommer à nouveau un ambassadeur dans ce pays, faisant le pari du dialogue avec un régime dont la proximité avec l'Iran inquiète tous les pays occidentaux. Les connaisseurs de la diplomatie américaine, affirment que si l'administration Obama se montre prudente, c'est peut-être parce qu'elle juge encore fort possible, à ce stade, qu'Al Assad ait le dernier mot face aux manifestants. G. H.