Les personnels de l'entreprise de presse El Moudjahid ont repris le travail hier en fin d'après-midi, après avoir observé un arrêt de travail de quelques heures. «Nous avons décidé de reprendre notre activité après la satisfaction de nos revendications socioprofessionnelles», ont indiqué les délégués du collectif des travailleurs.Les travailleurs de l'entreprise tous services confondus, avaient décidé, en début de journée d'hier, d'observer un arrêt de travail d'une journée, assorti du blocage de la parution du titre éponyme, «en signe de contestation afin d'alerter les autorités publiques», et ce, «suite au non-respect par le directeur général des engagements pris concernant le reclassement et la régularisation des travailleurs», comme décidé lors d'une précédente assemblée générale tenue lundi dernier, en présence de l'ensemble du collectif des salariés de l'entreprise. La décision de passer à l'action a été prise à la majorité des présents lors d'une autre assemblée générale tenue hier dans les locaux du journal, durant laquelle une quarantaine de travailleurs ont passé en revue les différentes options qui s'offrent à eux : soit, prendre leur mal en patience et croire aux promesses du P-DG du groupe communication, qui avait reçu leur délégation la veille, les assurant de prendre en charge leurs doléances, mais pas avant d'avoir installé son équipe, donc, après un mois ou plus ; soit, mettre à exécution leur décision de passer la vitesse supérieure de la protestation, à savoir la grève. Lors des prises de parole, les travailleurs ont d'abord rappelé, procès-verbal à l'appui, que «le directeur général d'El Moudjahid s'est engagé à prendre en charge l'ensemble des cas de régularisation et de reclassement des travailleurs mais il a failli à son engagement». Ils ont ensuite rappelé les réponses du premier responsable du groupe. Les deux questions soumises à débat ont suscité un éventail de propositions. Alors que certains se sont penchés sur l'option d'«accorder des préjugés favorables» au responsable du groupe, les divergences, jusque-là surmontables, ont atteint leur paroxysme lorsqu'une employée a porté le débat autour de la légalité de leur action, proposant de se constituer en syndicat d'entreprise. Ses détracteurs lui rappelèrent que les «travailleurs du Trésor et d'autres secteurs n'ont pas de syndicat, ce qui ne les a pas empêchés d'être à leur quatrième jour de grève». Quant à ceux qui étaient favorables à la grève, il importait moins que des malversations aient été commises. «Ce n'est pas nous qui devrions juger le directeur, il y a des autorités pour le faire», a affirmé une dame, qui a informé l'assistance de la présence d'enquêteurs du ministère dans l'entreprise. Abdelmadjid Cherbal, le directeur général de l'entreprise El Moudjahid, contacté par nos soins, a, de prime abord, souligné, en réponse aux revendications des travailleurs, que l'augmentation de 20%, qui est de loin la plus importante à ses yeux, devrait figurer dans la grille du mois prochain. Quant à la révision de la grille de salaires, le problème devrait se régler après discussion avec le partenaire social. Toutefois, devait-il noter, «c'est un problème qui relève de la justice», en raison de l'absence d'une représentativité syndicale des travailleurs, rappelant que «l'ancienne section syndicale, dont la mission a pris fin depuis deux ans, n'a pas fait son bilan». Aussi, aux travailleurs qui «agissent dans l'ignorance de la loi», il suggérera de «designer leurs représentants légaux». Selon lui, «il y a excès de précipitation de la part des travailleurs». Car, a-t-il dit, les augmentations ou le rappel nécessitent un travail de préparation, qui peut prendre jusqu'à 10 mois. «El Moudjahid, a souligné son responsable, est une institution qui n'a jamais failli à ses engagements, mais il faut que les travailleurs s'organisent, car, il est gênant d'arriver à la justice devant des collègues», a-t-il indiqué. S'agissant des «prétendues malversations», il s'est dit «étonné» de telles affirmations : «S'il y a quelque chose, j'en aurai été informé. Je n'ai été sollicité par aucun représentant de la justice ou des contrôleurs». Il rappellera qu'«il y a des voies légales pour détailler les finances de l'entreprise», citant, notamment, «l'assemblée annuelle des SGP, ainsi que le commissaire aux comptes qui surveille les comptes et examine les dossiers». A. R.