Photo : Riad Par Karima Mokrani Les conducteurs de train de la région d'Alger reprennent la protestation. Sans préavis. «Y avait-il un préavis pour l'augmentation du prix de la pomme de terre ? Elle est à 100 DA le kilo !» lance l'un des manifestants, 14 années de services pour un salaire de base qui ne dépasse pas les 13 000 DA. Façon de légitimer une action qui attendait d'être mise en marche depuis plusieurs mois. Les usagers du train de la banlieue d'Alger étaient donc fortement perturbés hier par ce mouvement qui a paralysé toutes les lignes: Alger-Thenia, Alger-El Affroun, AlgerConstantine, Alger-Annaba, Alger-Oran et Alger-Chlef. Ce n'est qu'en début de l'après-midi que des locomotives assurant le service minimum ont commencé à desservir les deux dernières lignes. Pour les autres, chacun se débrouille comme il peut pour arriver à temps à son lieu de travail ou autre. Beaucoup ont fait appel aux services des taxis après avoir parcouru jusqu'à quatre kilomètres de trajet à pied. D'autres se sont dirigés vers les stations de bus et d'autres ont tout bonnement rebroussé chemin. Le mouvement de protestation a été déclenché par plus de 200 conducteurs. «La majorité des conducteurs est en grève», dit l'un d'eux. Regroupés dans une petite salle à «la halte des Ateliers» où se trouve la gare de Belouizdad, les travailleurs en colère précisent qu'il s'agit d'une seule journée de protestation qui fait suite à celles qui ont lieu en novembre 2007. «En novembre 2007, nous avons observé une grève de 11 jours que nous avons arrêtée après l'engagement du secrétaire général de la Centrale syndicale, Sidi Saïd, à ce que nos revendications soient discutées dans un délai maximum de trois mois. Chose qui a été faite mais pour des résultats dérisoires… Nous avons alors décidé de reprendre la manifestation mais sans fixer de date», poursuit notre interlocuteur. Selon l'un des manifestants, le choix de la journée d'hier n'est pas fortuit : la protestation coïncide avec la visite de travail du ministre de tutelle, Amar Tou, arrivé tôt le matin à la gare de l'Agha. C'est aussi l'occasion d'attirer l'attention des pouvoirs publics, en cette période de campagne électorale, sur les problèmes des travailleurs. Ces derniers considèrent que la Fédération nationale des cheminots ne fait pas son travail de plaidoirie en faveur d'une amélioration véritable de leur situation socioprofessionnelle : «Elle est au courant de tous nos problèmes mais elle ne fait rien. Nous lui avons envoyé des rapports, des lettres… mais sans suite.» C'est la raison pour laquelle «nous revendiquons un statut particulier des conducteurs de train». Pour rappel, les revendications des manifestants sont essentiellement d'ordre salarial : «Nous demandons surtout que nos primes soient revues à la hausse.» Les protestataires appellent, par ailleurs, à l'arrêt des poursuites judiciaires engagées à leur encontre en cas d'accident, refusant d'endosser seuls la responsabilité : «C'est la responsabilité de toute l'entreprise, pas seulement celle du conducteur.»