L'étude sur la transition épidémiologique et l'impact sur la santé en Afrique du Nord (Transition Health impact in North Africa) Tahina réalisée par l'institut de santé publique a consacré un chapitre portant l'analyse des attitudes et pratiques des acteurs. Le volet E « échelle d'attitude », une partie de l'enquête prise en charge par des sociologues et des psychologues du centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD). L'analyse des indicateurs relatifs à cette échelle d'attitude est la même utilisée pour la santé de la population et a porté sur 4818 ménages et un échantillon de 3542 personnes âgées entre 45 ans et 55 ans dans 16 wilayas. L'objectif de cette étude est de mesurer l'attitude des différents acteurs en répondant à un questionnaire qui porte sur les habitudes alimentaires, les activités quotidiennes et les préoccupations. Les résultats préliminaires ont montré, selon les enseignantes et chercheurs au CREAD, Mmes Hadjidj et Khettache, que la population algérienne est stressée que ce soit pour les ruraux ou les citadins. Les femmes représentent la population la plus touchée par le stress en raison du rythme actuel de la vie. « Le monde urbain a tendance à se diffuser dans le rural. Ni la ville ni la campagne ne sont épargnées par ce nouveau mode de vie. Les femmes sont plus stressées Les femmes sont les plus touchées en raison de leurs multitudes préoccupations et responsabilités », déclare Mme Hadjidj. Selon Mme Khettache, 95% de la population dit être stressée. La première cause de ce stress est le chômage. « Les hommes sont plus touchés par cette situation. Ils sont plus stressés. Ils représentent 96% », explique-t-elle. Le manque d'argent est aussi un des facteurs déclenchant le stress. Les hommes sont aussi, d'après les deux enseignantes, plus stressés que les femmes concernant ce point précis. Devoir faire face à plusieurs responsabilités stresse beaucoup plus les femmes que les hommes. Elles sont nombreuses à vivre des situations de stress parce qu'elles sont obligées de faire face à plusieurs choses à la maison et au travail. Le constat est fait, selon notre interlocutrice, que ce soit pour le monde rural ou urbain. Parmi les personnes interrogées, celles vivant au nord sont les plus touchées par le stress (64,95%) contre 23,92% dans le sud. Les situations d'injustice sont plus vécues par les femmes que par les hommes. Ce qui induit automatiquement à une situation stressante. Interrogé si le travail et les études stressent fortement, 49% ont répondu par la négative contre 31,3%. Le manque de transport est l'un des facteurs déclenchant du stress chez les personnes interrogées. Elles sont nombreuses à le dire. Concernant la consommation de produits excitants tels que le tabac, le café et le thé, 48% des personnes disent que le café rend nerveux, 63%, la majorité des femmes, croient que fumer rend nerveux. Il y a par contre une attitude favorable par rapport au thé, nous explique-t-on. Il a été ainsi constater que le stress influe considérablement sur l'équilibre alimentaire. Entre 62% et 67% des personnes avouent que lorsqu'elles s'énervent ou se sentent mal, elles mangent. A la question de savoir quels sont les moyens de divertissement pour justement gérer ce stress, les femmes déclarent que les seuls moyens de se détendre est de manger sans se soucier des conséquences sur la santé. 22% des obèses sont conscients des dangers et ceux qui sont en surpoids ignorent les risques d'une alimentation non équilibrée. Les auteurs de cette étude relèvent que 46% des personnes interrogées considèrent la maladie comme une fatalité contre 42%. A la question de savoir si toutes les maladies ne sont pas une fatalité ? La réponse est affirmative pour l'ensemble des questionnés. « Ils sont parfaitement d'accord », souligne M. Khettache. Du côté des hommes, la gestion du stress semble être plus facile. Les résultats de l'étude ont montré qu'ils ont la possibilité de s'isoler, ils ont plus de temps et ils supportent plus la solitude. Le recours à la roquia que ce soit pour les hommes ou pour les femmes, est le procédé le plus utilisé pour lutter contre le stress. Elles sont nombreuses les personnes interrogées à croire que la roquia est un des remèdes efficace contre le stress. Un phénomène retrouvé chez la population urbaine et rurale. La notion de divertissement en termes d'offre et de moyens, explique M. Hadjidj, n'existe pas encore. La situation interpelle sérieusement les institutions sanitaires afin de penser à une stratégie nationale de prise en charge du stress. La mise en place d'un programme spécifique à cette problématique, la création des espaces publics et l'ouverture d'espaces verts seront d'un grand apport à cette population.