Photo : Sahel Par Samir Azzoug Une rencontre-dédicace autour du livre Des Chemins et des Hommes de Mohamed Rebah a eu lieu, samedi dernier à la librairie El Idjtihad. L'œuvre née de la recherche sur le parcours d'un frère combattant de la liberté (Noureddine Rebah) revient sur une phase essentielle, selon l'écrivain, de l'histoire du pays, celle du détournement d'un camion d'armes par Henri Maillot. «Le 4 avril 1956 est une date historique. La légendaire histoire du camion d'armes de Maillot était une réponse au souci de Abane Ramdane, qui, dans une lettre du 15 mars 1956 envoyée à la direction extérieure du FLN installée au Caire, disait : “Si les communistes veulent nous fournir des armes, il est dans nos intentions d'accepter le Parti communiste algérien en tant que parti au sein du FLN, si les communistes sont en mesure de nous armer”.» Revenant longuement sur les difficultés que rencontraient les moudjahidine pour être fournis en armes, et épaulé par plusieurs combattants du FLN présents à la rencontre, Mohamed Rebah insiste sur le devoir d'écrire l'histoire de la révolution en écartant toute «idéologie, politique et sans passion». «C'est un travail très sérieux, il s'agit de l'histoire du pays. Il ne faut pas laisser de blancs. Et les moudjahidine sont en train de mourir les uns après les autres. C'est une grande perte, d'autant qu'il n'est pas toujours facile de les faire parler. Pour écrire ce bouquin, j'ai dû m'entretenir pendant quatre années avec le moudjahid Mustapha Saadoune, avant son décès. Eu égard à son âge avancé (il est décédé en février 2009 à l'âge de 91 ans), j'ai dû me déplacer à 5 heures du matin à son domicile et discuter avec lui pendant une demi-heure à chaque rencontre», raconte l'écrivain à propos de ses entretiens avec celui qui fut un officier de l'ALN dans la Wilaya IV et unique survivant de l'accrochage qui a coûté la vie à Henri Maillot le 5 juin 1956. Le 4 avril 1956, Henri Maillot, aspirant réserviste de la classe 28, rappelé au 57e bataillon des tirailleurs algériens et militant du Parti communiste algérien (PCA), détourne un camion d'armes comprenant 123 mitraillettes, 140 révolvers, 57 fusils, un lot de grenades et divers uniformes. Une aubaine pour les révolutionnaires et l'ALN qui souffraient du manque d'armement en cette période fatidique. Sur les polémiques post-indépendance qui mettaient le doute sur la destination des armes, Mohamed Rebah affirme, en prenant à témoin des moudjahidine présents, qu'elles étaient bien destinées aux combattants de l'ALN, réfutant la dualité de cette armée avec les Combattants de la liberté (CDL). «Le groupe des CDL n'a pas été créé pour concurrencer l'ALN. Il est né officiellement au cours de la tenue du comité central réduit du PCA le 20 juin 1955. Il est vrai que les contacts de l'époque entre le PCA et le FLN souffraient de certaines conjonctures comme la clandestinité et l'hégémonie de certaines langues sur la révolution. Mais l'idée du détournement d'armes était retenue au mois de février 1956 par la PCA», explique Rebah en prônant une étude sérieuse et dépassionnée de la période 1er novembre 1954-20 juin 1955.Après avoir expliqué que son style d'écriture dans le livre Des Chemins et des Hommes, paru aux éditions Mille-feuilles, obéît à la formule «d'abord le fond, ensuite la forme», l'auteur reviendra sur des anecdotes à propos de quelques figures de proue des moudjahidine d'origine européenne, comme Maurice Audin (son instituteur), Henri Maillot ou Raymonde Péchard, qui ont donné leur vie pour voir l'Algérie indépendante. «Ils auraient pu demander la paix des braves et avoir la vie sauve en s'écartant de la lutte. Ils ont préféré se sacrifier. Je rends hommage au parti qui les a formés (PCA) pour la conscience et l'abnégation qu'il leur a inculquées», conclut Mohamed Rebah, avec l'acquiescement de Mohamed Mechatti, membre du «comité des vingt-deux» historiques.