Deux semaines après le début de l'intervention de l'Otan en Libye, la situation est plus que jamais confuse, entraînant le pays dans un déchirement périlleux. Les chefs de la diplomatie des pays de l'alliance militaire occidentale doivent faire le point à Berlin, demain et vendredi, sur un règlement d'une crise de plus en plus difficile à cerner. Malgré la pression, Kadhafi refuse d'abandonner le pouvoir qu'il occupe depuis 43 ans. La prolongation des combats pourrait entraîner un pourrissement de la situation d'autant plus que la diplomatie s'avère pour l'heure inefficiente. Pour l'Otan, il faut intensifier les bombardements pour venir à bout du régime en place. Après 17 jours de raids aériens, du 19 mars au 5 avril, c'est toujours le statu quo. Les avions américains ne participent plus aux missions de bombardement et les insurgés, basés dans la ville de Benghazi, insistent sur l'intervention de l'Otan. Les insurgés affirment que les forces de Kadhafi ont tué à ce jour quelque 10 000 personnes et blessé 30 000 autres, tandis que 20 000 sont portées disparues. L'Alliance atlantique ne cesse d'affirmer qu'elle dispose, malgré le retrait des Etats-Unis, d'assez de moyens pour mener «sa mission» à bien et que le rythme de ses raids aériens n'a pas baissé. Le rythme des opérations se serait même accéléré autour de la ville de Misrata. La situation en Libye pose aussi de graves problèmes humanitaires, notamment autour d'Ajdabyia, enjeu de durs combats entre insurgés et loyalistes. Et l'action diplomatique semble pour l'heure faire du surplace. Le Conseil national de transition (CNT) a affirmé que Moussa Koussa «n'a aucun lien d'aucune manière avec leur organisation». L'ancien chef de la diplomatie libyenne, qui avait fait défection fin mars, se réfugiant en Grande-Bretagne, devait se rendre au Qatar pour une réunion du groupe de contact sur la Libye, créé fin mars lors de la conférence de Londres. Ce groupe comprend des pays occidentaux comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou la France, des pays arabes, notamment le Qatar, la Jordanie, et des organisations internationales comme l'ONU, la Ligue arabe et l'Otan. M. Koussa, qui devait aussi rencontrer à Doha des membres du gouvernement du Qatar et des représentants libyens, avait appelé «toutes les parties à éviter d'entraîner la Libye dans une guerre civile», soulignant le risque de «somalisation» du pays. La réunion de Doha intervient après l'échec d'une première tentative de médiation de l'Union africaine. Un échec qui a démontré que le clan Kadhafi n'était aucunement prêt à céder. Les insurgés ont refusé lundi dernier une «feuille de route» acceptée la veille par le leader libyen, car elle ne prévoyait pas en préalable son départ et celui de ses proches. Un cas de figure qui ne semble pas encore à l'ordre du jour. Seïf El Islam, l'un des fils de Kadhafi, a déclaré que «parler du départ» du dirigeant libyen était «vraiment ridicule». M. B.