Photo : Riad Par Smaïl Boughazi La prochaine loi de finances complémentaire LFC 2011 proposera une batterie de mesures qui vont dans le sens de la pérennisation de la politique de l'Etat en matière de création et de maintien de l'emploi et de subvention des prix des produits de large consommation. Elle proposera également une baisse de la pression fiscale et la facilitation de l'impôt, ainsi qu'un soutien supplémentaire aux microentreprises. Ce sont les mesures phare de ce texte dévoilées hier par le ministre des Finances dans un entretien accordé à l'APS. Il n'a pas mâché ses mots quant au «contexte particulier marqué, à l'échelle internationale, par la hausse des prix des différents produits et, en Algérie, par la mise en œuvre des différents statuts professionnels des secteurs». Ainsi, la LFC 2011 prendra en charge les répercussions de la hausse des prix sur le marché international. Elle prévoit, selon Djoudi, des «mesures de soutien des prix à la consommation de plusieurs produits vitaux pour la vie quotidienne des citoyens». Le gouvernement, rappelle-t-il, avait décidé déjà d'élargir les subventions budgétaires au sucre et à l'huile alimentaire, ce qui induira un budget supplémentaire de 27 milliards de dinars. Les prix avaient été plafonnés à 90 DA le kilo de sucre et à 600 DA le bidon d'huile de 5 litres. Pour cette année, la compensation du différentiel de prix de ces deux produits est estimée, selon le premier argentier, à 5 milliards de dinars, à laquelle s'ajoute la suspension des droits de douane et de la TVA. Pour les prix des blés et de la poudre de lait, déjà subventionnés, ils seront davantage soutenus afin d'améliorer l'approvisionnement des minoteries en vue d'augmenter l'offre de produits finis et éviter d'éventuels comportements spéculatifs, a-t-il annoncé. Sur le plan législatif, la LFC 2011 proposera «la baisse de la pression fiscale et la facilitation de l'impôt» ainsi que des facilitations d'accès au foncier industriel et agricole. Un autre train de mesures est prévu dans le sens de la création et du maintien de l'emploi à travers «la défiscalisation au titre des premières années d'activité et l'instauration d'une imposition progressive, c'est-à-dire modérée, à l'issue des périodes d'exonération», a-t-il indiqué. Quant aux micro et petites entreprises, elles devraient bénéficier d'un soutien supplémentaire à travers la généralisation des incitations fiscales à tous les dispositifs de création de l'emploi en leur octroyant un régime d'imposition «très assoupli» à l'expiration des périodes d'exonération, a-t-il ajouté. Par ailleurs, le ministre a écarté le retour du crédit à la consommation, estimant que la suppression de ce mode de financement en 2009 était une «décision légitime et fondée car elle puisait ses fondements dans la rationalité économique». Toutefois, la législation algérienne accorde des «avantages supplémentaires» à toute société se lançant dans des activités industrielles naissantes qui stimulent la production nationale ou même l'exportation, comme l'industrie automobile. Pour le ministre, la suppression du crédit à la consommation répondait au «souci de sauvegarder et d'orienter l'épargne des petites bourses, notamment pour leur éviter un surendettement et protéger l'économie et la production nationales, source de création de richesses et d'emplois». S. B. Un taux d'inflation de 4%, mais aussi un risque inflationniste L'Algérie mise sur un taux d'inflation contenu aux environs de 4% pour l'année 2011, a indiqué hier le ministre des Finances, Karim Djoudi. «C'est grâce à un effet de stérilisation d'une partie des opportunités d'épargne soutenues par l'Etat, que nous pouvons escompter un taux d'inflation contenu aux environs de 4%», a-t-il expliqué, précisant que l'augmentation de la demande interne de consommation résultant du versement des salaires au titre des régimes indemnitaires et des statuts particuliers avec rappel depuis 2008, 2009 et 2010, «suppose un risque inflationniste». Cependant, «les risques d'inflation associés seront fortement atténués par les opportunités d'épargne soutenues par l'Etat pour l'accès au logement et à l'investissement productif». Le nouveau système comptable financier mis en place à la demande des professionnels Le nouveau système comptable financier national a été mis en place «à la demande de la majorité des opérateurs économiques et des professionnels de la comptabilité». C'est ce qu'a indiqué hier le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, dans un entretien accordé à l'APS. Evoquant l'ancien plan comptable, il dira qu'il «ne pouvait prendre en charge un nombre important d'opérations économiques et financières nées des mutations économiques profondes en Algérie depuis presque trente années». Au sujet de la nouvelle loi sur la profession comptable, il a estimé que la profession était régie par la loi de 1991 qui consacrait l'autorégulation de la profession, mais, depuis, des évènements, notamment des scandales financiers, sont intervenus dans le monde. Ces scandales ont fait que l'autorégulation a été retirée à la profession et des organes de supervision publique de la profession de l'audit, dont la composition n'inclut pas les professionnels, ont été créés aux Etats-Unis, en Europe, en Asie et partout ailleurs. Ces organes de supervision publique de la profession sont chargés notamment de l'octroi de l'agrément, du contrôle de la qualité des travaux d'audit, de la formation et de la formation continue ainsi que de la discipline et du respect des règles d'éthique. L'activité du crédit-bail sera encadrée par le plafonnement des taux de loyer L'activité du crédit-bail en Algérie sera «encadrée» par le plafonnement des taux de loyer pratiqués par les nouvelles sociétés publiques de leasing, a annoncé hier le ministre des Finances Karim Djoudi. «Les trois filiales de leasing, créées récemment par les banques publiques, doivent permettre aux entreprises d'acquérir les équipements nécessaires au développement de leurs activités et de les financer sans mobiliser de nouvelles ressources financières», a-t-il déclaré dans un entretien à l'APS. Les trois filiales sont «Ijar leasing Algérie», la Société nationale de leasing (SNL) et la Société de refinancement hypothécaire (SRH). La coupure de 2 000 DA a pour but de satisfaire rapidement la demande en billets Le ministre des Finances a estimé, hier, que le manque de liquidités dans les banques et les bureaux de poste est la conséquence directe d'une arithmétique entre les approvisionnements de la Banque d'Algérie et la forte demande durant les six derniers mois en liaison avec les récentes augmentations de salaires des employés de la Fonction publique. En outre, selon lui, la création d'un nouveau billet de banque d'une valeur de 2000 DA permettra à l'institut d'émission de satisfaire plus rapidement la demande en billets que s'il devait livrer cette même quantité de monnaie selon les mêmes coupures. «Elle permettra aussi de compléter la gamme des besoins attachés à la monnaie fiduciaire puisque cette nouvelle monnaie existera concomitamment avec les autres billets de 100, 200, 500 et 1 000 dinars», a-t-il ajouté. L'émission d'un nouveau billet de banque «n'influe nullement» sur le niveau de la masse monétaire mais uniquement sur la composition de la monnaie fiduciaire, a-t-il rassuré.