Photo : Fouad S. Le premier argentier du pays, Karim Djoudi, a accordé, hier, un entretien à l'APS dans lequel il est revenu sur différentes questions économiques dont les contours de la loi de finances complémentaire pour 2011, le retour du crédit à la consommation, l'inflation, le nouveau système comptable, le manque de liquidités au niveau des bureaux de poste… D'après lui, le nouveau système comptable financier national a été mis en place «à la demande de la majorité des opérateurs économiques et des professionnels de la comptabilité». «Tous ceux qui ont répondu au questionnaire-sondage adressé en 2001 aux professionnels de la comptabilité par le Conseil national de la comptabilité ont souligné la nécessité d'actualiser le plan comptable national de 1975», a précisé le ministre, en soulignant que ce plan comptable «ne pouvait prendre en charge un nombre important d'opérations économiques et financières nées des mutations économiques profondes en Algérie depuis presque trente années». Les organes de supervision publique de la profession sont chargés notamment de l'octroi de l'agrément, du contrôle de la qualité des travaux d'audit, de la formation et de la formation continue ainsi que de la discipline et du respect des règles d'éthique. Selon le ministre, le Conseil national de la comptabilité joue «donc ce rôle d'organe de supervision publique de la profession, incluant aussi dans sa composition les professionnels élus des différents corps pour les faire participer dans toutes les activités du Conseil». Pour autant, il a admis que «les quelques professionnels qui revendiquent l'abrogation de la loi ne veulent pas de cette régulation partagée pour des raisons que je ne comprends pas». «L'ALGERIE MISE SUR UN TAUX D'INFLATION DE 4% POUR 2011» Par ailleurs, M. Karim Djoudi a indiqué que l'Algérie mise sur un taux d'inflation contenu de 4% pour l'année 2011. «C'est grâce à un effet de stérilisation d'une partie des opportunités d'épargne soutenues par l'Etat que nous pouvons escompter un taux d'inflation contenu aux environs de 4%». Selon le ministre, l'augmentation de la demande interne de consommation résultant du versement des salaires au titre des régimes indemnitaires et statuts particuliers avec rappel sur 2008, 2009 et 2010, «suppose un risque inflationniste». Cependant, «les risques d'inflation associés seront fortement atténués par les opportunités d'épargne soutenues par l'Etat pour l'accès au logement et à l'investissement productif», a-t-il expliqué. LA LFC 2011, POUR PERENNISER LA POLITIQUE DE L'ETAT La loi de finances complémentaire (LFC) propose des mesures qui ont pour finalité de «pérenniser» la politique de l'Etat en matière de création et du maintien de l'emploi et de subvention des prix des produits de large consommation, a indiqué le ministre des Finances, Karim Djoudi. Afin d'éviter les surcoûts à la consommation, engendrés par la flambée des prix des produits de base sur les marchés internationaux, la LFC 2011 prévoit des «mesures de soutien des prix à la consommation de plusieurs produits vitaux pour la vie quotidienne des citoyens». La LFC 2011 proposera, d'autre part, «la baisse de la pression fiscale et la facilitation de l'impôt» ainsi que des facilitations d'accès au foncier industriel et agricole, selon le ministre. Un autre train de mesures est prévu dans le sens de la création et du maintien de l'emploi à travers «la défiscalisation au titre des premières années d'activité et l'instauration d'une imposition progressive, c'est-à-dire modérée, à l'issue des périodes d'exonération», a-t-il ajouté. SUPPRESSION DU CREDIT À LA CONSOMMATION, «UNE DECISION LEGITIME» La microentreprise devra aussi bénéficier d'un soutien supplémentaire à travers la généralisation des incitations fiscales à tous les dispositifs de création d'emplois en leur octroyant un régime d'imposition «très assoupli» après expiration des périodes d'exonération, a-t-il poursuivi. Pour M. Djoudi, la LFC 2011 s'inscrit dans un contexte particulier marqué, à l'échelle internationale, par la hausse des prix des différents produits et, en Algérie, par la mise en œuvre des différents statuts professionnels des secteurs. Interrogé, par ailleurs, sur la possibilité de retourner au crédit à la consommation, M. Djoudi a estimé que la suppression de ce mode de financement en 2009 était une «décision légitime et fondée car elle puisait ses fondements dans la rationalité économique». Le ministre a rappelé que la suppression du crédit à la consommation répondait au «souci de sauvegarde et d'orientation de l'épargne des petites bourses, notamment pour leur éviter un surendettement et de protéger l'économie et la production nationales, source de création de richesses et d'emplois». LE MANQUE DE LIQUIDITES EST DÛ À LA FORTE DEMANDE DANS LES GUICHETS Sur un autre registre, le ministre a affirmé que le manque de liquidités dans les banques et les bureaux de poste est la conséquence directe d'«une arithmétique entre les approvisionnements de la Banque d'Algérie et la forte demande formulée au niveau des guichets postaux». Il a indiqué dans le même sens que le recours par la Banque centrale à la création d'un nouveau billet de banque d'une valeur de 2000 DA intervient pour satisfaire la demande en billets. «Cette réponse permet à l'institut d'émission de satisfaire plus rapidement la demande en billets que s'il devait livrer cette même quantité de monnaie selon les mêmes coupures. Elle permet aussi de compléter la gamme des besoins attachés à la monnaie fiduciaire puisque cette nouvelle monnaie va exister concomitamment avec les autres billets de 100, 200, 500 et 1000 dinars», a-t-il ajouté. Le ministre a tenu à préciser, à ce propos, que l'émission d'un nouveau billet de banque «n'influe nullement» sur le niveau de la masse monétaire mais uniquement sur la composition de la monnaie fiduciaire. Selon M. Djoudi, la même quantité de monnaie fiduciaire sera redistribuée dans un assortiment différent de billets avec une proportion moindre de petites coupures. «L'avantage de ce procédé est d'orienter les besoins de thésaurisation vers les billets de 2000 DA délaissant les coupures inférieures aux besoins de circulation monétaire», a-t-il expliqué. En outre, le ministre a fait savoir que des «mesures urgentes» ont été préconisées par le groupe de travail mis en place sous l'égide du ministère des Finances et avec la participation de la Banque d'Algérie et du ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication pour, d'abord, «réduire rapidement la tension actuelle sur les liquidités au niveau d'Algérie Poste, et ensuite «développer des instruments de paiement alternatifs au cash». L'activité du crédit-bail en Algérie sera «encadrée» par le plafonnement des taux de loyer pratiqués par les nouvelles sociétés publiques de leasing, a-t-il également indiqué.