L'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, arrêté lundi dernier à Abidjan, a été transféré hier par hélicoptère dans le nord du pays, a annoncé à l'agence de presse française, le porte-parole de la mission des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci), Hamadoun Touré. Un peu plus tôt, le nouveau président ivoirien Alassane Ouattara avait indiqué au cours d'une conférence de presse que M. Gbagbo avait quitté l`hôtel d`Abidjan, où il était assigné à résidence, pour une destination inconnue, en Côte d'Ivoire. Le président des Etats-Unis Barack Obama a appelé mardi dernier Alassane Ouattara pour le féliciter mais le fait le plus saillant est surtout l'accord entre les deux présidents sur la nécessité d'enquêter sur toutes les «atrocités» commises ces derniers mois dans ce pays, quels qu'en soient les auteurs présumés. A ce titre, ils «se sont engagés à soutenir les rôles de la commission d'enquête des Nations unies et du Tribunal pénal international pour enquêter sur les violences». Cette déclaration vient conforter ce qu'avait déjà promis Alassane Ouattara lundi dernier dans un discours adressé à ses concitoyens et dans lequel il annonçait qu'«une commission vérité et réconciliation fera la lumière sur tous les massacres, crimes et autres violations des droits de l'Homme ».Selon les premières estimations, la bataille entre pro-Gbagbo et pro-Ouattara a fait au moins 800 morts, dont la moitié à Abidjan. Mais Obama désire surtout que la commission enquête sur les charniers retrouvés dans l'ouest du pays, les «macabres» découvertes des forces des Nations unies. Le mystère reste encore épais quant aux responsabilités des différentes parties : les massacres à Duékoué, les fosses communes, les cadavres de combattants qui jonchent l'entrée de la capitale économique sont pour l'instant des actes sans responsables. Des morts sans noms qui participent à la division du pays, écartelé entre les deux camps antagonistes. Les appels à la concorde lancés par le président Ouattara ne sont pas entendus par tous. Désiré Tagro, un des proches de Laurent Gbagbo, et surtout son ancien ministre de l'Intérieur, a succombé à ses blessures mardi matin. L'homme, considéré comme l'un des plus durs du régime du président sortant a été passé à tabac par des partisans de Ouattara. Il est ainsi le premier haut responsable du régime à être tué, victime d'une purge qui pourrait se poursuivre dans les semaines à venir. L'ancien président déchu de Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo, est toujours à Abidjan et n'a pas été transporté hors de la ville comme l'avaient indiqué mardi dernier, par erreur, les Nations unies. «A l`heure où je vous parle, Monsieur Laurent Gbagbo n'est plus à l`hôtel du Golf, il est en Côte d`Ivoire, bien sécurisé», a déclaré M. Ouattara lors de son discours, hier. «La crise post-électorale est terminée.» C'est avec cette phrase que Alassane Ouattara a tenu à regarder vers l'avenir lors d'une nouvelle allocution à Abidjan, aujourd'hui, promettant à son peuple «une paix durable et définitive». Il a également assuré aux proches et partisans de Laurent Gbagbo qu'aucune «brutalité» ou «violence» ne serait tolérée à leur encontre. Le chef de l'Etat a par ailleurs indiqué que des «instructions très fermes» avaient été données dans son propre camp et que tous ses soldats s'étant rendus coupables de pillages «seront radiés immédiatement».A ce propos, Alassane Ouattara a enfin promis une «autonomie totale» à la commission «vérité et réconciliation» qui devra enquêter sur les atrocités commises lors de ces derniers mois en Côte d'Ivoire. Cette commission sera composée de «personnalités crédibles, consensuelles et respectées». «Les Ivoiriens doivent savoir ce qu'il s'est passé», a affirmé Alassane Ouattara, qui a dit vouloir «lutter contre l'impunité», mettre en œuvre un Etat de droit et «construire des institutions fortes». G. H.