L'éclaircie, promotion des droits de l'Homme et inquiétudes, tel est le titre du dernier ouvrage de Ali Haroun, présenté hier à la libraire du Tiers-Monde et dans lequel il passe en revue les six mois situés entre juin et décembre 1991, période durant laquelle l'Algérie a vu l'institution d'un ministère des Droits de l'Homme : «Je ne suis ni historien, ni écrivain de métier, ni poète, mais un témoin d'une période-clé qui veut laisser une trace en essayant d'y mettre autant que possible sa bonne foi pour la mettre au service des historiens.» Ali Haroun, ministre des droits de l'Homme durant la période susmentionnée, a déclaré avoir hésité longtemps sur le titre de son ouvrage avant d'opter pour «éclaircie», désignant une période d'embellie entre deux gros nuages. «L'embellie, explique-t-il, consistait en l'espoir né de l'ouverture démocratique de cette période qui avait vu la levée de l'état de siège et l'instauration d'un véritable débat démocratique avec la participation de toutes les forces politiques du pays.» «Cette période d'espoir, regrettera-t-il, a vite laissé place au désenchantement avec les événements qui suivirent, notamment depuis l'arrêt du processus électoral.» «Le livre en question s'étire toutefois jusqu'à la mi-janvier 1992, pour faire la jonction avec l'arrivée du défunt Mohamed Boudiaf», explique-t-il. Interpellé sur son appréciation de l'évolution des droits de l'Homme en Algérie, il dira : «C'est une évolution qui a connu des hauts et des bas, en sinusoïdal. Pour ce qui est du positif, on a essayé d'obtenir la levée de l'état de siège deux mois après son instauration. L'Observatoire des droits de l'Homme, qui a remplacé le ministère, a également fait des efforts pour libérer des détenus internés dans les camps du Sud. Mais pour dire que ça a évolué en ligne continue et ascendante, ce n'est pas le cas», expliquera-t-il avant de citer l'exemple du code pénal s'agissant des articles liés à la presse. Interrogé sur les annonces faites par le chef de l'Etat il y a un peu plus de 48 heures, il dira que le fait de faire des annonces est positif en soi. Cependant, il faut attendre leur application sur le terrain pour se prononcer. Exprimant son strict point de vue, il dira que l'idéal démocratique en matière de droits de l'Homme serait le modèle espagnol. Il s'agit de la désignation par l'Assemblée nationale d'un «défenseur du peuple» qui n'aurait de compte à rendre qu'à cette dernière. «Quand on est ministre, on est tenu d'être solidaire avec le gouvernement», précisera celui qui avoue n'avoir pas eu les coudées franches en raison de la limitation des prérogatives qui empêchaient certaines actions. M. C.