Photo : Zoheïr Par Fella Bouredji Le cheikh magistral du Gourbi Rock a encore mis le feu au théâtre de Verdure. Après le concert événement du mois de juillet dernier qui a marqué le retour de l'artiste après 2 années d'absence, la magie a opéré encore une fois le soir de jeudi soir. Le musicien était en fusion totale avec son public. Un monde fou venu l'acclamer pour oublier, découvrir, se lâcher et plutôt simplement s'éclater sur les sons de sa voix rauque et si particulière. Une jeunesse déchaînée et avide de ses sonorités qui amalgament si bien plusieurs styles divergents dans lesquelles ils se reconnaissent parce que représentatifs tout d'abord de leur identité. Des sonorités mais aussi des textes qui allient questions graves et humour incisif sur des cadences parfois endiablées et d'autres fois si douces, toujours avec un arabe bien algérien. Des textes puisés dans les réalités quotidiennes traitées avec légèreté mais dans lesquelles tout Algérien peut facilement se retrouver. Le concert prévu pour 21h30 ne débutera qu'à 22h30 et, alors que les premiers sons fusaient déjà sur scène, attirant des centaines de jeunes en délire près de la scène, une centaine d'autres jeunes attendaient encore dehors pour acheter leur billet. L'enthousiasme n'a pas fait qu'être au rendez-vous, il a carrément atteint son apogée. Le public venu découvrir le dernier album du cheikh n'a, semble-t-il, pas été déçu. Consacré aux chants marins kabyles des années 40 réalisé en collaboration avec le poète Ameziane Kezzar, ce nouvel opus est plus tempéré et lourd que les précédents mais les jeunes, aussi bien filles que garçons, ont trouvé le moyen de tanguer, de danser, et même de sauter frénétiquement. Et pour cause, les rythmes étaient toujours aussi entraînants et les sonorités bien éclectiques. Du rock, de la salsa, du celtique, du chaabi… en bref, du gourbi rock bémolien ! Le public a eu droit à de nouveaux titres chanté en arabe dialectal et en kabyle mais aussi à ses incontournables succès que les jeunes, plongés dans une frénésie impressionnante, ont scandé avec lui, presque de bout en bout : Saadia, wachen hada, bled etchina, et surtout El Bandi… le plus grand tube du musicien, mais aussi des extraits de Thalweg, son album berbéro-celtique. L'artiste atypique a donc fait basculer d'un genre à un autre son auditoire deux heures durant. Et la météo n'a fait des siennes qu'au dernier moment lors de la dernière chanson, Goumari, que Cheikh Sidi Bémol a chantée en chœur avec son public et sous la pluie ! Sur scène, Cheikh Sidi Bémol était accompagné de Kheliff Miziallaoua à la guitare, d'Eric Rakotoarivoni à la basse, de Amar Chaoui aux percussions, d'Hervé Boucher à la batterie et d'un invité de la soirée : le violoniste Kheiredine. En attendant le prochain grand récital du maître, il est à noter qu'il travaille sur un autre album berbéro-celtique…