Le groupe Sonatrach a livré le 7 avril dernier une première cargaison de gaz naturel liquéfié (GNL) de 30 000 m3 à sa filiale Sonatrach Gas Comercializadora (SGC) au niveau du terminal de regazéification de Barcelone, marquant ainsi le lancement effectif des activités commerciales et opérationnelles de cette filiale en Europe. La mise en place d'une société de commercialisation de GNL algérien en Espagne n'était pas sans difficultés, provoquant un conflit entre Sonatrach et les autorités espagnoles. Celles-ci ont autorisé le groupe Sonatrach à monter sa filiale «Gas Comercializadora (SGC)», tout en lui imposant un volume d'exportation limitatif. En effet, la Sonatrach ne devait pas dépasser un milliard de mètres cubes de gaz à vendre sur le marché espagnol. L'Algérie y a vu une forme de discrimination, toutes les compagnies étrangères qui disposent de sociétés de commercialisation de gaz sur le territoire espagnol n'étant pas soumises à une telle restriction. Et c'est parti pour une longue période de flottement dans les relations commerciales entre Sonatrach et ses partenaires espagnols. Le conflit va empirer, l'Algérie voulant renégocier les prix du gaz qu'elle exporte vers l'Espagne via le GME. Début 2007, les deux parties allaient parvenir à un accord sur ce dossier, avant que les Espagnols changent de position. Pendante depuis des mois, l'affaire a été portée devant le tribunal de Genève, l'arbitrage international étant le dernier recours. Mais le conflit ne s'arrête pas là. Il en cache un autre, celui lié au Medgaz. Les Espagnols contestent à Sonatrach la structure des actions qu'elle détient dans ce projet gazier, après le retrait de BP. Medgaz, le plus important gazoduc jamais réalisé dans l'histoire de l'industrie gazière, a été pourtant mis en route, les travaux ayant commencé en territoire algérien. A l'heure qu'il est, il faut retenir un seul fait : les autorités espagnoles reconnaissent que Sonatrach n'est pas dans son tort. Et que ce sont les sociétés espagnoles qui lui ont fait du tort, et dans cette affaire du Medgaz et dans celle se rapportant au prix du gaz. Seulement, on en est encore au stade de la théorie, car la décision prise par les autorités espagnoles, rétablissant Sonatrach dans ses droits, n'a pas été mise en application. Du coup, le projet Medgaz en pâtit. Et il est fort probable qu'il ne sera pas réceptionné dans les délais de rigueur. Et ce n'est pas fini, les Espagnols sont en conflit avec Sonatrach sur un autre projet : Gassi Touil. Jugeant que ses partenaires espagnols dans ce projet traînent en longueur dans sa mise en chantier, Sonatrach résilie le contrat qui s'y rapporte. Le conflit a été également porté devant les tribunaux internationaux. En attendant que ceux-ci prononcent leur verdict, c'est Sonatrach qui a pris en main Gassi Touil. A noter que Sonatrach dispose de sociétés de commercialisation de GNL dans un certain nombre de pays. Y. S.