Les combats à l'arme lourde, à la frontière disputée entre les soldats thaïlandais et cambodgiens, se sont poursuivis hier, pour la deuxième journée consécutive, faisant au moins dix morts et des dizaines de blessés, ont rapporté les médias. Les deux pays s'affrontent en fait depuis plusieurs années autour d'un groupe d'anciens temples hindouistes dont le classement en 2008 par l'Unesco avait ravivé les tensions. Ces vestiges datent du XIe siècle de notre ère. Selon une décision de la Cour internationale de justice de 1962, le site disputé relève de la souveraineté du Cambodge. Toutefois, les principaux points d'accès à ce site historique sont totalement contrôlés par la Thaïlande. Une zone de 4,6 kilomètres carrés est réclamée par les deux parties en conflit. Des combats avaient déjà eu lieu en février dernier, pendant quatre jours, faisant une dizaine de tués des deux camps. Il y avait eu aussi des victimes parmi les civils. Les populations vivant dans cette zone étaient donc contraintes à tout abandonner pour fuir les bombardements qui ont repris vendredi dernier. Hier, un soldat thaïlandais et trois cambodgiens ont péri dans les combats qui ont repris tôt le matin, selon des sources militaires des deux côtés, citées par les agences de presse. Phnom Penh et Bangkok se sont rejetées mutuellement la responsabilité des premiers tirs au niveau de cette frontière non encore démarquée, à cause notamment de la présence des mines antipersonnel, laissées par des décennies de guerre civile au Cambodge. Le Conseil de sécurité des Nations unies a appelé à un cessez-le-feu immédiat permanent suite aux combats de février dernier. De son côté, le Cambodge réclame la mise en place d'une médiation internationale pour régler définitivement ce différend frontalier mais la Thaïlande a rejeté cet appel, privilégiant l'option des négociations bilatérales. Dans un premier temps, les deux pays s'étaient entendus, sous l'égide de l'ASEAN (Association des nations d'Asie du Sud-Est) à accepter l'envoi d'observateurs étrangers à la frontière mais l'armée thaïlandaise s'est vite rétractée. Vendredi, l'Indonésie, qui préside actuellement l'ASEAN, a également appelé à la fin des hostilités, en vain. En 2000, les deux pays ont signé un protocole d'accord sur la délimitation des frontières, dans lequel la partie thaïlandaise a partiellement reconnu le droit du Cambodge sur le temple hindouiste. Les négociations sur le règlement du litige ont été suspendues en 2006 après le coup d'Etat qui a déstabilisé la Thaïlande. Le ministre indonésien des Affaires étrangères, Marty Natalegawa, a contacté ses homologues cambodgien et thaïlandais, ont indiqué les médias locaux, dans l'espoir d'obtenir un cessez-le-feu et de convaincre les deux parties de revenir à la table des négociations. L. M.