Photo : Riad De notre envoyé spécial aux camps des réfugiés sahraouis Ali Boukhlef Faire connaître l'affaire sahraouie en France. Le projet est ambitieux, mais le défi en vaut la chandelle pour les quelques dizaines de personnes qui se sont déplacées, hier, dans les camps des réfugiés sahraouis près de Tindouf.Elus locaux et responsables associatifs français, représentant toutes les tendances politiques, étaient donc au rendez-vous au niveau du camp Aousserd, distant de près de 30 km de la ville de Tindouf.Issus essentiellement de la communauté algérienne à l'étranger, ces élus sont venus soit pour prendre connaissance d'une question qu'ils découvrent pour la première fois, soit pour porter dans leur pays la voix de l'un des peuples encore sous colonisation dans le monde.Christophe Choserot est élu socialiste de la région Lorraine. C'est la première fois que ce professeur en médecine foule le sol sahraoui. Il estime qu'il faut dépasser le stade des discours et porter à bras-le-corps cette problématique qui a trop duré. «Avant, j'entendais parler de la question sahraouie. Mais j'avoue que c'est la première fois que je vois de près ce qui s'y passe», a-t-il avoué. Il estime, comme beaucoup de ses concitoyens croisés dans l'immense camp de toile qui compte près de 18 000 habitants, que la question sahraouie n'est pas suffisamment prise en charge en France, même si beaucoup prennent conscience de la détresse de ces populations. «Il est temps de faire quelque chose. Dès mon arrivée, je vais tâcher de porter cette question auprès des instances nationales de mon parti. Ensuite, j'essaierai d'organiser des aides humanitaires, notamment médicales, pour alléger la souffrance des populations sahraouies», a-t-il promis. L'élu socialiste français proposera également aux responsables sahraouis d'acheminer une unité d'hémodialyse dans les camps. Dans la ville de Tours, près de Paris, des militants ont même créé une page sur le site social Facebook. Cette page est l'œuvre d'une Franco-Algérienne. Elle s'appelle Nadia Hamoudi. Elle est adjointe au maire de Tours. Elle estime que des considérations «économiques empêchent les responsables français de s'intéresser à cette question». Par raisons économiques, notre interlocutrice désigne les «intérêts économiques» des responsables français au Maroc. Comme beaucoup de ses concitoyens, Nadia Hamoudi estime que c'est à elle et aux représentants de la société civile de son pays de porter la voix du peuple sahraoui. «Nous essayons d'exploiter toutes les voix de communication possibles pour faire connaître cette question», a-t-elle souligné.Denise Trisacri est venue de Marseille. Comme plusieurs de ces collègues, cette élue municipale et militante d'une association entend aider les Sahraouis en construisant une crèche dont «le lieu est encore à définir». Mais, avant cela, elle n'est pas venue les mains vides puisqu'elle s'est présentée avec plein de cadeaux pour les enfants des écoles sahraouies visitées. Les élus et représentants des associations françaises venus aux camps des réfugiés sahraouis de Aousserd ont visité plusieurs installations de la RASD. Ils ont pris connaissance des conditions de vie dans les écoles et les dispensaires sahraouis.Le Premier ministre de la RASD, Abdelkader Taleb-Omar, qui a assisté à cette visite, a encore une fois accusé la France de bloquer «la paix» au Sahara occidental. Il a demandé aux élus et militants français présents de «faire pression sur les autorités officielles de leur pays» afin d'intervenir en faveur de leur cause aux Nations unies.