Les élus français sont venus pour entendre, comprendre et mieux connaître le «conflit oublié». A l'invitation de l'Associa-tion algérienne de solidarité avec le peuple sahraoui (Cnaps), 140 élus français et quelques responsables associatifs ont séjourné pendant trois jours dans les camps des réfugiés sahraouis. Ils se sont entretenus longuement avec la population. Cette rencontre porte le cachet de l'amitié retrouvée et de la solidarité internationale. C'est en présence du président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) Mohamed Abdelaziz, du chef de la délégation algérienne, Sadek Bouguettaya, et du vice-Premier ministre de Timor-Est que les festivités ont lieu. Le représentant de Timor-Oriental qui jouit de son indépendance partage avec le peuple du Sahara occidental «un capital de lutte pour l'émancipation injustement refusée». A El Ayoun, la participation de ces parlementaires et élus municipaux issus de la diversité et du large spectre politique français se veut une mission exploratoire. Nadia Hamoudi, adjointe au maire de Tours, estime que le sujet du Sahara occidental est méconnu en France. Il a été occulté par le conflit israélo-palestinien. Cette rencontre participe effectivement, de la méconnaissance totale de la réalité sahraouie et de sa marginalisation dans le débat français fermé au cas sahraoui. Les élus français sont venus pour entendre, comprendre et mieux connaître le «conflit oublié». Pour sa part, Salah Merabti, président de la communauté islamique d'Indre-et-Loire assure que «loin de toutes considérations géopolitiques, je fais une visite d'information pour combler les lacunes sur la question sahraouie, de mes propres yeux». Le «boulot» que les élus ont effectué va leur permettre «de faire le travail de sensibilisation autour des associations à caractère humanitaire et social». Cette visite, pour la plus jeune élue, Ager Ouslati du Val-de-Marne (22 ans), aide à «prendre conscience de ce qui se passe dans la région». Elle espère que l'opinion internationale se réveille pour faire «barrage à l'injustice qui sévit à quelques centaines de km de la France». La visite des élus français est restée au niveau humanitaire, ils ne se sont pas prononcés sur la position des officiels français qui soutiennent le Royaume chérifien dans son injustice vis-à-vis des Sahraouis. Les Sahraouis ont formé un véritable groupe, à la placette d'El Ayoun, autour de l'Association d'intervention sociale de la France et du Mouvement paix sans frontières, qui sont arrivés de Metz pour voir de près la réalité dramatique. «Aujourd'hui nous venons de découvrir la face cachée du drame aux portes de Paris». Le militantisme en faveur des Sahraouis sera renforcé à partir de la France, ont promis les deux associations. «Je ne connais pas particulièrement ce dossier. J'ai été sollicité en tant qu'élu pour aller voir dans quelles conditions vivent les réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf et j'ai répondu présent. J'ai accepté pour me faire une opinion précise sur la question et voir dans quelle mesure je pourrais apporter ma contribution», explique Emile Mouheb, maire-adjoint de Cerney, une commune française, située dans la région d'Alsace (est de la France), et membre de la délégation attendue ce vendredi dans les camps sahraouis. Toutes ces associations et l'ensemble des élus ont promis, d'ores et déjà, de clamer haut et fort l'injustice dont fait l'objet le peuple sahraoui et de faire pression sur le Maroc afin qu'il revienne sur son entêtement contre la justice et les droits humanitaires.