La crise politique au Yémen serait-elle en train de trouver une issue ? Le pouvoir et l'opposition, confrontés à un tenace bras de fer, devraient se rencontrer dans la capitale saoudienne Riyad. La signature d'un accord est prévue lundi prochain sur la base du plan présenté par les monarchies du Golfe. L'opposition a confirmé qu'une délégation représentant le Front commun, coalition des partis de l'opposition parlementaire, se rendrait bien à Riyad pour signer. Le plan en question prévoit la formation par l'opposition d'un gouvernement de réconciliation nationale, et la démission, un mois plus tard avec une garantie d'immunité, du président Ali Abdallah Saleh.L'accord de transition du Conseil de coopération du Golfe (CCG) prévoit aussi que Saleh nomme un Premier ministre issu de la coalition d'opposition, et qu'une élection présidentielle se tienne deux mois après sa démission. L'opposition avait donné lundi dernier son accord final après avoir obtenu des assurances au sujet d'une clause sur la formation du gouvernement, et d'une autre prévoyant un arrêt des protestations de rue. De son côté, le parti présidentiel, le Congrès populaire général (CPG), s'est déclaré favorable au compromis.Les manifestations réclament le départ du président Saleh, au pouvoir depuis trente-deux ans. Depuis fin janvier, les heurts avec les forces de l'ordre ont fait plus de 130 morts. Les Etats du CCG ainsi que les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) se portent garants de l'application de l'accord, selon le texte du plan. Les ambassadeurs des Etats-Unis, de pays de l'Union européenne et ceux des autres pays du CCG, ainsi que le représentant de l'ONU à Riyad assisteront à la cérémonie de signature. Une coalition de l'opposition comprenant aussi bien des islamistes, des hommes de gauche que des nationalistes arabes avait levé, lundi dernier, un obstacle de premier plan à la mise en œuvre de l'accord, en acceptant de participer à un gouvernement de transition.L'opposition, qui réclame le départ du président Saleh, avait salué la médiation du CCG, mais émis des réserves sur certains points. L'opposition aurait accepté le plan après avoir reçu la garantie de diplomates américains à Sanaa que le Président démissionnerait effectivement un mois après la signature. Face à la gravité de la situation, les six pays membres du CCG, alliance régionale militaire et politique comprenant notamment l'Arabie saoudite et le Koweït, se sont employés, depuis des semaines, à trouver une solution à la crise politique du Yémen. Saleh a accepté le principe du plan prévoyant sa démission en échange de l'immunité pour lui-même, sa famille et ses collaborateurs. L'opposition craignait à l'origine que le Président en exercice, vieux routier de la politique, ne fasse capoter le plan au cas où le Parlement n'accepterait pas sa démission. D'autres craintes subsistent. Certains partis de l'opposition, qui comptent d'anciens alliés de Saleh, pourraient faire semblant de coopérer au plan afin d'obtenir une part du pouvoir sans mettre en œuvre de réels changements. M. B.