Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) se réunit à nouveau dimanche à Ryadh pour discuter de la crise actuelle au Yémen et de "ce qui a été convenu" lors des précédentes rencontres au sujet des contacts menées avec les parties concernées pour tenter de la désamorcer. Cette nouvelle réunion regroupera les ministres des Affaires étrangères du CCG, et des délégations du gouvernement et de l'opposition yéménites pour évoquer "les développements de la situation au Yémen". Les participants passeront en revue "ce qui a été convenu auparavant au sujet des discussions entre les déférentes parties", selon un communiqué du CCG. A cet effet, une délégation de l'opposition parlementaire yéménite est attendue dans l'après-midi à Ryadh pour demander des précisions sur le plan de sortie de crise proposé par le CCG, et sur notamment le départ du président Ali Abdellah Saleh. Cette délégation sera conduite par Mohamed Salem Bassandaoua, ancien ministre des Affaires étrangères, et comprendra aussi Abdelwahab Al-Ansi du mouvement islamiste Al-Islah. "Nous allons rencontrer les ministres (des Affaires étrangères) du CCG à Ryadh pour demander des précisions sur leur initiative, et en premier lieu sur le départ du président (Ali Abdellah Saleh) Saleh", a déclaré Yassine Saïd Noomane, chef du Forum commun, une coalition de l'opposition parlementaire yéménite. Mais l'opposition a exclu tout dialogue avec des représentants du gouvernement yéménite dans la capitale saoudienne, et a menacé samedi de ne pas se rendre à Ryadh si un émissaire du gouvernement y était présent. "Nous irons à Ryadh à condition qu'il n'y ait aucune délégation ou représentant du gouvernement de Sanaa dans la capitale saoudienne pour ne pas donner l'impression qu'il y aura des négociations", a averti M. Bassandaoua. Les opposants yéménites exigent toujours le départ du président Saleh avant tout dialogue avec le pouvoir. Le Yémen est le théâtre depuis fin janvier dernier de violentes contestations populaires qui réclament le départ du président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, et des réformes politiques et constitutionnelles. Des milliers de jeunes manifestants sont descendus lundi dans les rues de la capitale yéménite Sanaa, proclamant leur refus du dialogue proposé la veille par les pays du Golfe entre le pouvoir et l'opposition pour désamorcer la crise. La veille (10 avril), la médiation du CCG avait demandé au président yéménite de transférer ses prérogatives à son vice-président, et préconisé la formation d'un gouvernement d'union nationale dirigé par l'opposition et chargé d'élaborer une Constitution et d'organiser des élections. Le Conseil de coopération du Golfe avait appelé aussi le gouvernement et l'opposition à une rencontre à Ryadh. Sous une pression sans précédant de la rue, le président Saleh a accepté la proposition du CCG, se disant prêt à "un transfert pacifique du pouvoir mais dans le cadre de la Constitution". A propos de la rencontre de dimanche à Ryadh, Kassem Salam, secrétaire général du parti Baâth arabe socialiste (opposition), a souligné que le dialogue yéménite parrainé par le CCG "ne doit pas sortir du cadre de la constitution du pays". "J'espère que nos frères du Golfe, qui nous ont appelé au dialogue comme parties politiques, qu'ils ne mènent pas ce processus en dehors de la constitution" du pays, a-t-il insisté. Dans la perspective d'un transfert pacifique du pouvoir au Yémen, des diplomates américains et européens ont mené des contacts avec le Forum commun ces derniers jours à Sanaa, selon des sources diplomatiques occidentales, citées par les agences de presse. "Le Forum commun a obtenu des assurances américaine et européenne sur le succès de l'initiative du CCG (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Qatar et Oman), notamment par un départ rapide du président Saleh", selon les mêmes sources. Redoutant un chaos au Yémen, les Etats-Unis ont apporté leur soutien à la médiation du CCG, estimant qu'un dialogue sur une transition politique était "nécessaire de toute urgence". "Le calendrier et la nature de cette transition devront être déterminés via la négociation", avait souligné le département d'Etat américain.