Photo : S. Zoheir Par Amel Bouakba Parmi la pléthore d'associations caritatives, culturelles, sportives ou religieuses existant en Algérie, rares sont celles qui activent réellement sur le terrain. Sur près de 81 000 associations agréées par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, 95% sont totalement absentes du terrain et n'ont jamais présenté de rapport officiel sur leurs activités, tel que prévu par la loi 90/31 du 4 décembre 1990 relative aux associations. Le reste active de façon «sporadique» et «occasionnelle». Selon de récentes statistiques, il existerait environ 80 000 associations locales et plus de 900 associations nationales activant, entre autres, dans le domaine de la santé, l'environnement, la protection des personnes handicapées et des enfants abandonnés. Il faut dire que la majorité de ces associations manquent terriblement de crédibilité et sont bien loin de répondre aux attentes du citoyen. Les événements qui ont marqué le pays ces dernières années ont montré le peu d'implication et d'engagement des associations dans les préoccupations qui touchent la population et le grand décalage entre le mouvement associatif et les véritables besoins de la société. Le mouvement associatif n'a pas joué son rôle et semble complètement absent des grands défis qui se posent aujourd'hui. Les pouvoirs publics ont menacé, à maintes reprises, de sanctionner ou de dissoudre la horde d'associations «opportunistes» qui ne cherchent qu'à réaliser des profits personnels, faisant fi de la réglementation. Dans ce sillage, de nombreuses associations défaillantes ont disparu. Il y a deux années de cela, on avait parlé de l'imminente dissolution de plus de 6 000 associations inefficientes ou parce qu'elles ne respectaient pas la réglementation. Tout récemment, la Direction de la réglementation et des affaires générales (Drag) de Mila a gelé les activités de 130 associations locales pour «violation de la réglementation régissant les associations et pour n'avoir pas renouvelé leurs agréments ni leurs structures depuis plusieurs années». Des cas similaires sont enregistrés un peu partout dans d'autres wilayas du pays. En fait, l'inertie et l'immobilisme qui caractérisent le mouvement associatif en Algérie font qu'il y a nécessité de réviser la loi afin de mettre ces associations dans une nouvelle dynamique. Cela fait des années que l'on en parle, mais ce n'est que dernièrement que le président Bouteflika a clairement évoqué, dans son discours du 15 avril dernier, la prochaine révision de la loi sur les associations. Une nouvelle loi qui permettrait de les impliquer davantage dans des projets concrets de développement. Le chef de l'Etat a fait part de l'importance de réhabiliter la place des associations dans la société à travers l'élargissement et la définition du domaine, des objectifs et des moyens d'activité et d'organisation du mouvement associatif. Il a mis l'accent sur l'importance de rétablir le rôle des associations «en tant qu'espaces d'intermédiation et de médiation entre les citoyens et les pouvoirs publics». Tout en insistant sur le besoin d'associer le mouvement associatif dans les projets de développement, le chef de l'Etat a assuré qu'une «concertation sera engagée cette année au niveau local avec les citoyens, les élus, le mouvement associatif et l'Administration pour définir les objectifs d'un meilleur développement local et les adapter aux attentes de la population». Le président Bouteflika a, par ailleurs, promis d'«étendre le champ d'action du mouvement associatif, en insistant sur le respect des droits de l'Homme». Mais en attendant la révision prévue de la loi régissant l'activité des associations, le Président avait appelé les organisations du mouvement associatif «à intensifier les initiatives, dans le cadre de leur mission». La révision de la loi sur les associations ne permettrait certainement pas de mettre fin à la défection des associations sur le terrain, car ce n'est pas seulement une question de loi, mais aussi et surtout de volonté et d'intégrité.