Alors que des milliards lui sont attribués chaque année par l'Etat, le mouvement associatif à Oran continue d'être une coquille vide, et n'agit ni sur la société ni sur la dynamique de développement local. Les sorties publiques des associations se limitent aujourd'hui à des apparitions épisodiques, le temps d'un événement religieux ou national avant de replonger dans une hibernation qui dure. Ces réveils ne sont, selon les responsables de plusieurs associations, justifiées que par le souci de présenter un bilan moral, exigé pour toute nouvelle demande subvention. Oran compte plus de 3000 associations agréées qui se disputent les champs caritatif, social, culturel, sportif, religieux et autres. Ce nombre représente près d'une centaine d'associations par commune, un effectif qui aurait pu, sous d'autres cieux, être une bénédiction et un indicateur fiable sur la dynamique sociale. Mais la logique des chiffres reste têtue et force est de reconnaître que seules 220 associations, tous secteurs d'activité confondus, sont présentes sur le terrain à Oran, soit une moyenne de 9% du nombre global des associations recensées par les services de la wilaya. Pis encore, des associations qui observent le silence radio occupent des locaux qui auraient pu rendre d'inestimables services dans le cadre de l'emploi de jeunes ou servir de bureaux à d'autres associations. Ce «silence assourdissant» n'a pas empêché les pouvoirs publics à continuer à verser des aides sous forme de subventions à des associations absentes du terrain. A titre d'exemple, dans le cadre du budget complémentaire 2009, il a été consacré plus de 24 millions de dinars aux associations, dont 6 millions de dinars aux associations à caractère caritatif, un montant similaire à celles à caractère social, alors que la part du lion (12 millions de dinars) a été affectée aux clubs et associations sportives qui, eux, bénéficient d'une manne conséquente produit des contrats de sponsoring. Malgré cet effort des pouvoirs publics, plusieurs associations dénoncent le fait d'être écartées de la liste des bénéficiaires de ces aides, alors que d'autres, toute honte bue pour certaines, se plaignent de l'insuffisance de ces subventions qui n'arrivent même pas à leur permettre de régler les salaires de leur personnel administratif, pourtant pris en charge par l'Etat dans le cadre des contrats de préemploi, de l'emploi de jeunes ou autres. La nécessité d'une réorganisation de ce secteur régi par une loi votée en 1989 est aujourd'hui impérative. La société a besoin d'un cadre organisé pour s'exprimer et des espaces pour concrétiser ses aspirations, un besoin que les associations ne peuvent actuellement combler faute d'une véritable volonté politique.