L'école algérienne ne fabrique plus des sportifs d'élite. Il est passé, en effet, le temps où les futurs champions annonçaient la couleur à partir de la cour d'un établissement scolaire. Les clubs puisaient jadis dans les écoles. Aujourd'hui, le constat est amer : le sport a perdu sa place dans l'école. A l'exception de quelques établissements scolaires qui préservent un minimum de conditions pour la pratique sportive, ailleurs c'est le désert. Un état des lieux qui s'est répercuté négativement sur le niveau du sport scolaire et, ensuite sur le niveau du sport algérien dans sa globalité. Pour se convaincre de la déchéance du sport scolaire algérien, il suffit de lire le tableau final de la 17ème édition des Jeux scolaires arabes abrités par la Jordanie. Les représentants de l'Algérie dans cette compétition sportive ont remporté un total de 46 médailles (11 médailles en or, 22 en argent et 13 en bronze), a indiqué la Fédération du sport scolaire au lendemain de la manifestation. Au-delà du classement de l'Algérie qui est franchement loin de satisfaire les plus défaitistes, il y a lieu de noter le nombre en baisse de disciplines dans lesquelles s'est engagée l'Algérie. La participation algérienne à cette 17ème édition des jeux scolaires s'est limitée à cinq disciplines sportives sur les huit inscrites au programme, à savoir le football, le volley-ball (garçons), la natation, l'athlétisme (garçons et filles). Mille athlètes issus de 17 pays ont pris part à cette compétition sportive panarabe. L'incapacité du pays à engager des athlètes dans toutes les disciplines inscrites renseigne de la manière la plus claire sur la situation du sport scolaire en Algérie. Au moment où il était attendu que la pratique du sport dans les établissements scolaires se généralise et se massifie pour prétendre à de meilleurs résultats, nous constatons, hélas, la suppression de quelques disciplines sans que les responsables présentent les raisons valables de telles issues. A l'école, l'éducation physique et sportive ne bénéficie plus de l'intérêt d'antan, un intérêt qui faisait courir tous les écoliers. Il y avait un engouement pour cette discipline aussi bien de la part des enseignants que chez les élèves. Même l'administration s'efforçait de réunir le minimum de conditions pour que les écoliers puissent faire leur séance de sport. Aujourd'hui, les choses ont changé et la discipline se meurt en silence avec la complicité des responsables. Les preuves sont multiples. Il s'agit, entre autres, de la dévalorisation de la filière dont le coefficient (1) ne motive plus aucun élève. «Moi, je préfère réviser mes cours de mathématiques (coefficient 4) plutôt que d'accomplir deux heures de sport qui ne me serviront à rien». La phrase peut être entendue de la bouche d'une lycéenne, candidate à l'examen du baccalauréat. Elle renseigne sur le malaise qui ronge le processus de production de l'élite en Algérie. Dans le cas algérien, il faudrait éventuellement poser la problématique différemment car la situation est plus complexe que ne la présentent les hommes qui ont la responsabilité d'y remédier. S'il est clair que l'école peut servir d'étape de départ du futur athlète performant, il n'en demeure pas moins vrai que cette même école n'arrive plus à tenir son rôle sur le plan du savoir. Autrement dit, l'école algérienne n'assume plus son rôle de lieu de distribution du savoir. Faudrait-il dès lors attendre que le sport, dans sa diversité, bénéficie de la considération et de l'importance de la part des autorités ? Les Algériens attendent beaucoup de leur école, mais cette dernière semble atteinte malheureusement d'inertie à tel point qu'elle n'accomplit plus sa tâche. C'est pour cette raison qu'on peut être sceptique quant à la réussite de la nouvelle mesure consistant à introduire des classes «sport-études» dans les écoles. Visant à réhabiliter le sport scolaire, la décision prise -elle est normalement effective pour cette nouvelle année scolaire- risque de ne pas produire l'effet escompté nonobstant l'optimisme qu'affichent les responsables des deux secteurs. Au mois de mai dernier, Boubekeur Benbouzid et El Hachemi Djiar avaient insisté sur la nécessité de la relance des classes «sport-études» en organisant une séance de travail qui avait pour objectif de relancer le sport scolaire. Il a été procédé ainsi à la révision des textes juridiques y afférents, ainsi qu'à l'identification des wilayas-pilotes pour la relance de ces structures. Il s'agit, pour le ministre des sports, de «motiver les élèves et les encourager à travailler leurs dispositions intellectuelles et physiques». Pour son collègue de l'éducation, l'atout de cette relance est le fait que plusieurs établissements scolaires viennent d'être dotés de terrains pour la pratique du sport. Il y a lieu de rappeler que ce n'est pas la première fois que les deux départements coopèrent pour rattraper le temps perdu en matière de formation de l'élite sportive à partir de l'école. Plusieurs conventions ont signé dans ce sens, mais la situation n'a pas évolué d'un iota. Il suffit ainsi de savoir que l'EPS n'est pas encore introduite dans les écoles primaires pour se rendre compte que nos dirigeants privilégient le discours par rapport au terrain. Introduire des classes «sport-études», au-delà de son caractère sélectif, ne saurait répondre à la grande attente. L'éducation nationale est appelée à retrouver un environnement de sérénité conjugué avec la réunion de toutes les conditions nécessaires pour le bon déroulement des études, tous paliers confondus ; alors que le sport algérien a besoin de renouveler son personnel plutôt que de recenser le nombre de terrains réceptionnés mais qui ne sont pas exploités par la jeunesse. A. Y.