Le sport scolaire a été jadis un gisement d'athlètes d'élite qui ont fait les beaux jours de plusieurs disciplines, celles des sports individuels comme celles des sports collectifs. Aujourd'hui, les choses se présentent différemment. Le sport scolaire est au creux de la vague. L'éducation physique et sportive a perdu de sa valeur. Fini, donc, le temps où les collégiens et les lycéens se bousculaient pour participer à cœur joie à la séance de sport. Après des années d'abandon, les pouvoirs publics viennent de tenter une opération de restauration de la discipline. Il y a huit ans, l'Algérie s'est dotée d'un lycée sportif national, à Draria (Alger). L'initiative a été saluée par tout le monde. Quelques années plus tard, nous assistons à la généralisation de cette expérience qui semble en voie de donner des résultats positifs. Le pays compte actuellement (avec ceux qui vont être lancés prochainement) une dizaine de lycées sportifs, inaugurés à travers le territoire national. Conçus pour accueillir les élèves ayant prouvé leurs dispositions pour certaines disciplines et les encadrer de façon à améliorer leurs talents, ces établissements ont permis à une catégorie de jeunes de rester en contact avec le sport même si les résultats scolaires qu'ils obtiennent ne sont pas bons. Ce n'est pas rien dans la mesure où deux ou trois années de travail supplémentaires pourraient perfectionner le niveau d'un athlète et lui ouvrir les portes d'un club structuré. C'est un moyen pour éviter la déperdition. Il faut ajouter à cela le fait que les classes sportives dans un lycée sont un appui pour les clubs. L'utilité se situe à plusieurs niveaux. Celle liée à la maîtrise des règlements généraux de la discipline comme celle de l'hygiène de vie. Sur ce chapitre, nul n'ignore que notre sport dans sa globalité accuse un retard énorme. Conséquence : nos athlètes arrivent en catégorie des seniors sans connaître les règlements de la discipline qu'ils pratiquent. Pour l'hygiène de vie, le sport algérien a besoin d'une révolution. Des établissements comme le lycée sportif peuvent visiblement jouer ce rôle de catalyseur des bonnes habitudes à réhabiliter. C'est pour cette raison que la généralisation de l'expérience du lycée sportif est de nature à rétablir la valeur du sport aussi bien dans le système éducatif que dans la société en général. Le chemin est long tant les deux sphères, l'éducation et le sport, sont en quête de politique nationale en mesure de générer des résultats positifs. Les objectifs sont réalisables si l'on mesure la capacité du pays, notamment cette masse juvénile qui n'attend qu'un cadre d'expression favorable. Si le mode des lycées sportifs est en voie de boucler sa première décennie –il est prématuré pour juger l'expérience-, les autorités ont introduit depuis deux ans les classes «sport-étude» dans les trois paliers de l'enseignement. L'objectif : rendre à la filière la valeur qui était sienne auparavant. La première faille de cette injection réside dans le fait qu'elle ne concerne pas certaines localités. S'il faut comprendre que les moyens manquent dans ces régions, il y a lieu cependant de relever qu'il y a risque de perdre des talents. Rappelons-nous bien d'où viennent ces athlètes ayant réussi de très belles performances quand ils sont en catégorie des jeunes. Le dernier à avoir étalé ses preuves est incontestablement Imad Touil qui est allé imposer son rythme dans un meeting d'athlétisme d'un haut niveau technique. La mission de ces classes «sport-étude» est justement de dénicher ce genre de talents pour les encadrer dès leur jeune âge. Car, si la formation n'a pas été entamée à temps, l'athlète aura moins de chances de rattraper son retard même quand il présente de grandes prédispositions physiques. Le rétablissement du sport scolaire est-il possible dans un système éducatif qui se mord la queue ? Difficile d'y croire. Il est attendu que l'école algérienne accomplisse d'abord sa première mission consistant à diffuser le savoir et la connaissance. A. Y.