Alger la Blanche est en train de s'effondrer et de s'effriter lentement, mais sûrement. Tout Alger est malade d'un abandon meurtrier et tragique. Pourtant, cela se passe à quelques mètres des responsables concernés et des décideurs. La capitale, c'est la façade de l'Algérie. Pour celui qui n'a pas visité Alger depuis un peu plus de deux années, tout est terne et désastreux. Bien sûr, certains tenteront de mettre cet état dans le registre des dommages collatéraux des travaux du tramway. Seulement, le problème ne réside pas là uniquement. L'exemple de l'avenue Che Guevara est assez édifiant pour remettre au goût du jour le désastre qui se profile progressivement. Pourquoi laisser empirer une situation et engager par la suite des fonds colossaux pour la corriger quand on peut la prendre en charge à moindres frais dans le présent ? La question reste posée. Les immeubles poussiéreux qu'on aperçoit de loin, et qui se dressent au voyageur par mer, sont ternes et laids. Toute la façade a besoin d'un ravalement digne de ce nom. Les balcons tombent aussi en ruine et mettent en péril la vie des passants. Une question de sécurité qui doit être prise en ligne de compte au même titre qu'une menace terroriste. Sur le boulevard qui longe le front de mer, en plus d'abriter de beaux immeubles avec une identité et une beauté architecturales insolites, on trouve également la majorité des institutions névralgiques du pays. Il est malheureux de constater que toute la rambarde longeant ce boulevard et donnant sur le port est en train de pourrir et de céder en douceur. Le béton est avili et non entretenu, éventré partout. Quant à la ferronnerie enjolivant cet immense balcon qui offre une merveilleuse vue sur la Méditerranée, son état de santé n'est pas très reluisant. Cassé, sali, rouillé, tordu par endroits, tels sont les caractéristiques de ce qui sert de décoration à la rampe de la célèbre capitale maghrébine et méditerranéenne. L'un de ces spectacles impressionnants, c'est sans doute ce prestigieux ascenseur séculaire, probablement laissé à l'abandon depuis des années jusqu'à devenir un véritable boulet, un fardeau au lieu d'être un bijou de décoration, la fierté des Algérois et des Algériens. Un ascenseur qui permet d'éviter aussi bien des tracas et des détours à la circulation piétonne, puisqu'il relie le boulevard Che Guevara au port directement sans escaliers et sans détour aucun. Sa remise en marche ne devrait pas coûter les yeux de la tête et son investissement est bien plus rapporteur, faut-il le concéder. Un spectacle désolant que le commun des mortels ne remarque pas ou feint de ne pas voir. Préoccupés par les aléas de la vie et les tracas du transport, les Algérois ne se donnent plus le temps de regarder ces dommages et ces failles impardonnables et déshonorantes. Pour une capitale aussi renommée, c'est presque un blasphème. O. M.