Selon l'un des points de vue, l'Algérie est l'histoire d'une longue dévastation continue. Après les ruines romaines, les ruines tout court. C'est un quotidien électronique qui le révèle, citant une source de la Protection civile ; plus de 1000 immeubles se sont effondrés en 2007, dont près de la moitié dans la capitale. Ajoutant que 4000 autres risquent de s'effondrer cette année. Prudentes, les sources n'ont pas osé révéler combien d'immeubles risquent de s'effondrer en 2009, année de la reconduction. Mais en tout état de cause, le chiffre est énorme, à rapprocher du million de logements promis et qui est toujours au stade d'une circulaire administrative. Dégradation, manque d'entretien, laxisme des autorités et inconscience des occupants sont les causes principales de cette maladie mortelle à progression lente. Dans un pays aussi mal logé, c'est bien sûr un scandale de plus et les récents avis de démolition médiatisés à Alger ne représentent que la face émergée de l'iceberg. Car plus de 1000 immeubles par an, ce sont près de 3 immeubles qui tombent chaque jour. Mais ce qui est surtout remarquable, c'est que l'effondrement touche toutes les périodes. En ne comptant pas les ksour en toub des Berbères sahariens qui s'écroulent toutes les heures, les 1000 immeubles qui se sont effondrés l'année dernière sont des édifices turcs de La Casbah, des bâtisses néo-mauresques françaises et des cubes socialistes de l'Algérie indépendante. Tous sont touchés par la gangrène. En d'autres termes, c'est à peu près tout le pays qui s'effondre, couche par couche, pendant que l'Etat construit à gros frais une nouvelle résidence d'apparatchiks à côté du Club des Pins. Y a-t-il un rapport entre les deux ? Sûrement. Mais pas de quoi s'effondrer, on pourra toujours loger dans la grande mosquée de 120 000 places. Si toutefois l'Etat décide d'en construire une par commune.