La situation en Libye, où le conflit armé se poursuit, semble stagner. D'intenses combats ont repris hier près de Misrata. Dans cette ville rebelle de l'Ouest, assiégée par les forces pro-khadafi, une immense colonne de fumée noire se dégageait toujours des dépôts de carburant en flammes après leur bombardement par les forces loyalistes, samedi dernier. Pour les habitants, il n'était pas encore question de rationnement, mais obtenir du pain nécessite déjà de patienter longuement devant les boulangeries. A la frontière sud de la Tunisie avec la Libye, où les forces du colonel Kadhafi tentent de s'emparer de Gzaya afin de s'assurer le contrôle du secteur, un retour au calme a été enregistré hier. Samedi dernier, des obus libyens étaient de nouveau tombés sur le sol tunisien, provoquant la colère du gouvernement de Tunis, qui a assuré qu'il prendrait les dispositions «nécessaires» pour «préserver l'intégrité de son territoire». De Benghazi, le fief de la révolte, le vice-président du Conseil national de transition (CNT), a annoncé que l'Italie allait fournir des armes aux rebelles. Des sources au ministère des Affaires étrangères italien ont confirmé l'information, précisant que l'Italie allait fournir «du matériel d'auto-défense» aux rebelles, dans le cadre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU. La résolution, faut-il le rappeler, impose un embargo sur les armes. Tout comme la France et le Royaume-Uni, l'Italie a déjà envoyé des conseillers militaires à Benghazi. Ils aident les rebelles à bâtir des forces capables de vaincre le régime de Mouammar Kadhafi, avec l'appui de l'Otan. Mais c'est loin d'être gagné. Le régime de Kadhafi résiste et réussit à se maintenir tout en continuant à afficher une position favorable à toute proposition susceptible de régler la crise. Le Premier ministre libyen Al-Baghdadi Ali Al-Mahmoudi a d'ailleurs déclaré samedi dernier à Tripoli que «les propositions, d'où qu'elles viennent, sont les bienvenues tant qu'elles sont susceptibles de contribuer à résoudre la crise dans le pays, notamment celles présentées par les pays amis de la Libye». Selon lui, «la Libye réclame une application totale des résolutions de l'ONU» sur la question de la Libye et veut l'ouverture d'une enquête sur les violations de ces résolutions. Il a également déclaré que la Libye appliquerait fermement les résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU ainsi que d'autres propositions internationales appelant à une trêve, notamment le plan de cessez-le-feu avancé par l'Union africaine (UA). Enfin, il est à préciser que l'exode migratoire s'amplifie en Libye. Hier, la petite île italienne de Lampedusa a accueilli 1 300 nouveaux réfugiés de Libye, après en avoir reçu près de 850 la veille. L'une de leurs embarcations s'est échouée dans la nuit, mais tous les passagers ont pu être secourus. Le conflit libyen a déjà causé la fuite de plus d'un demi-million de personnes. H. Y.