Population fragilisée face au VIH/sida, les migrants sont souvent confrontés à des problèmes d'accès à la prévention et aux soins. L'étude réalisée par l'association Aids Algérie vient de le confirmer. L'association a présenté hier, à l'Institut national de santé publique (INSP), les résultats d'une étude sur le renforcement de l'accès à la prévention du sida des migrants en Algérie, et les résultats montrent une situation inquiétante. Lancé en 2010 et financé en partenariat avec la Commission de l'Union européenne et l'ONU-Sida, ce projet a touché 2 118 migrants à Alger, Oran et Tamanrasset et a révélé les disparités rencontrées notamment dans l'accès aux soins. Selon le président de l'association, M. Bourouba, l'étude a montré que les migrants d'Oran sont confrontés à un véritable problème d'accessibilité aux traitements antirétroviraux. La situation est meilleure à Alger et moins bien dans la wilaya de Tamanrasset. Dans la wilaya d'Oran, les migrants sont considérés comme persona non gratta et n'ont pas accès aux soins. «Pourtant la réglementation leur garantit parfaitement ce droit», affirme M. Bourouba. Ajoutant que «le droit à la santé est assuré pour tout le monde sans discrimination aucune». «L'infection à VIH et son impact se nourrissent des violations des droits des humains, de la stigmatisation, de la discrimination et engendrent souvent des situations d'exclusion et de rejet», indique Aids Algérie, qui rappelle que dans ce cadre «l'Algérie dispose d'un arsenal juridique qui protège les droits humains à la fois des personnes qui sont vulnérables à l'infection à VIH et de celles qui sont déjà infectées, en leur garantissant notamment l'accès aux services de prévention, de soins, de traitement et de soutien sans discrimination, dans des structures appropriées». L'objectif de l'étude est de connaître les besoins des migrants, évaluer leurs connaissances et connaître leurs attitudes et pratiques du point de vue de la prévention des IST/VIH/Sida. D'après cette étude, «l'accès aux soins est rendu difficile d'abord par l'absence d'information des populations migrantes». De même, «la majorité des migrants ne sont pas au courant de l'existence de centres de prise en charge et de centres de dépistage gratuit...». Dans d'autres cas, «les migrants se plaignent de racisme, de discrimination et du mauvais accueil qui leur sont réservés, notamment dans certaines structures sanitaires», relève l'étude. Aids Algérie précise par ailleurs dans son étude que «la population de migrants est d'autant plus vulnérable qu'elle est sous-informée sur la maladie elle-même et les moyens de s'en protéger, et (qu') elle éprouve des problèmes d'accès aux soins, au dépistage, aux médicaments et aux préservatifs. Ces problèmes d'accès découlent à la fois du statut de clandestin de beaucoup de migrants et par moments du manque d'information ou encore de la discrimination». L'étude en question estime que «le flux migratoire qui s'opère de manière clandestine échappe au contrôle sanitaire». Dans ce cadre, Aids Algérie insiste pour améliorer la prévention et l'accès aux soins et promouvoir les actions de sensibilisation en direction des populations migrantes, la migration étant un facteur de vulnérabilité pour la santé. A. B.