Soutenus par les bombardements des forces de l'alliance atlantique, les rebelles libyens progressent rapidement ces derniers jours. Dopés par leur succès à l'aéroport de Misrata dans l'Ouest, ils s'apprêtaient hier à marcher sur Zliten, avec en ligne de mire Tripoli où le complexe résidentiel du colonel Mouammar Kadhafi a été bombardé jeudi par l'Otan. L'Otan a également répliqué, jeudi dernier et au moment où les insurgés célébraient leur victoire, à des tirs d'embarcations rapides des forces pro-Kadhafi au large de Misrata. Fort de ce soutien militaire, le Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la révolution, a annoncé la nomination de nouveaux «ministres», notamment à l'Intérieur et à la Défense. Déjà reconnu comme seul interlocuteur légitime en Libye par la France, l'Italie, la Gambie et le Qatar, le CNT a enregistré une nouvelle victoire politique jeudi dernier lors de la visite de son président, Mustapha Abdeljalil, à Londres où le Premier ministre britannique David Cameron a invité le CNT à ouvrir son premier bureau de représentation en Europe et promis plusieurs millions de livres d'équipements pour la police de Benghazi, ainsi que du matériel de communication pour la rébellion. L'Allemagne a annoncé, de son côté, l'ouverture d'un bureau de liaison à Benghazi, suivant ainsi l'Union européenne. Le chef de la diplomatie de la rébellion, Mahmoud Jibril, reçu hier à la Maison-Blanche, a également souhaité que les Etats-Unis reconnaissent officiellement les rebelles. Mais Washington considère que la reconnaissance du CNT est encore «prématurée». Ainsi donc, les dirigeants des rebelles libyens cherchent à asseoir leur légitimité internationale en multipliant les visites à l'étranger après avoir enregistré sur le terrain des succès face aux troupes loyales. Durant ce temps, le régime du colonel Mouammar Kadhafi attendait sûrement les résultats de la rencontre du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine avec le Comité politique et de sécurité (COPS) de l'Union européenne (UE) qui ont tenu, mercredi dernier à Addis-Abeba, une réunion devant porter sur la crise en Libye. Mais aucune information n'a été donnée sur cette réunion sinon un laconique communiqué où il est fait état de la détermination du CPS-UA et le COPS-UE «à renforcer leurs efforts de lutte contre le terrorisme». Aucun mot sur la Libye sinon des généralités sur la région : «Evoquant les développements en cours en Afrique du Nord, le CPS de l'UA et le COPS de l'UE ont souligné la nécessité, à chaque fois que et partout où de telles situations surviennent, d'une consultation et d'une coordination étroites des initiatives entre l'UA et l'UE, en vue d'optimiser les opportunités d'une approche commune.» Pourtant, faut-il rappeler que cette réunion devait «mettre en relief la nécessité d'une solution politique» sur la base de la feuille de route adoptée le 10 mars dernier par l'UA. A ce rythme, il ne faut pas s'attendre à grand-chose également de l'autre réunion annoncée sur la Libye entre le CPS-UA et le Conseil de sécurité de l'ONU qui aura lieu le 21 mai dans la capitale éthiopienne. Seul donc face à la rébellion et l'OTAN, le gouvernement libyen a annoncé qu'il ne tentera pas de reprendre, par la force, l'Est qui est aux mains des forces rebelles. Le vice-ministre des Affaires étrangères Khaled Kaïm, qui a fait cette déclaration, a ajouté que le gouvernement souhaitait le dialogue. Un dialogue refusé par les forces de la coalition qui veulent le départ de Khadafi. Jeudi dernier, le ministre italien Franco Frattini a affirmé qu'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre M. Kadhafi était «probable» à «la fin de ce mois». Il a été relayé par le procureur de la CPI qui a affirmé, hier, qu'il demandera lundi prochain aux juges de délivrer des mandats d'arrêt contre «trois personnes qui semblent porter la plus grande responsabilité» pour des crimes contre l'humanité commis en Libye. Les noms de ces trois personnes n'ont pas été communiqués. H. Y.