L'Algérie et l'Union européenne (UE) ont aujourd'hui un rendez-vous plutôt tendu. La diplomatie primera, mais la visite qu'effectue aujourd'hui à Alger Stefan Füle, commissaire à l'Elargissement et la Politique européenne de voisinage, sonne déjà comme un prélude à une chaude explication entre responsables européens et algériens.Dans l'agenda envoyé aux rédactions par la représentation de la Commission européenne en Algérie, le responsable européen à des rendez-vous plutôt sympathiques. Il s'entretiendra, bien sûr, avec le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Il aura des entrevues avec les ministres des Ressources en eau, du Commerce et des Finances. Il sera reçu - c'est le clou de la visite - par Ahmed Ouyahia. Il aura, avant de reprendre l'avion pour Bruxelles, un rendez-vous protocolaire avec Abdelaziz Ziari, président de l'APN.Ceci pour les images de télévision et les crépitements des appareils photographiques. Mais l'essentiel est ailleurs. Pour anticiper sur son voyage et créer de bonnes conditions d'un séjour «calme», le Tchèque a publié dans le Quotidien d'Oran une contribution où il tente de minimiser le fossé qui ne cesse de se creuser entre les deux parties, notamment sur le plan économique. En la matière, les derniers litiges apparus sur l'accord d'association, paraphé en 2003 par les deux parties, fait figure de point de discorde.«L'accord d'association n'a jamais été conçu comme le produit miracle qui, une fois en vigueur, permettrait une arrivée massive d'investisseurs européens et ouvrirait toutes les portes du marché de l'UE. Il n'est pas non plus le seul remède au chômage des jeunes», écrit-il.Mais il se trouve que dans ce dialogue de sourds, il n'y a pas que le démantèlement tarifaire qui pose problème. La circulation des personnes - bloquée depuis des années - et les dossiers liés à la sécurité sont autant de litiges à régler. Avec force arguments, Stefan Füle tente pourtant de donner raison à l'Algérie sur bien des dossiers sensibles. «Les Européens ont du mal à imaginer ce que les Algériens ont enduré pendant cette époque. Pendant des années, les médias européens n'ont vu l'Algérie qu'à travers le prisme des violences ; ils ont négligé la réalité des Algériens qui essayaient de mener une vie normale parmi d'énormes difficultés et qui aspirent profondément à une vie meilleure et en paix», écrit-il encore. Mais juste avant de reprocher à l'Algérie son rejet, du moins pour l'instant, de la politique européenne de bon voisinage.Cette visite du commissaire européen, la deuxième en l'espace d'un an, survient à un moment où dans la rive nord de la Méditerranée, la chasse à l'émigrant africain fait figure de stratégie.Ce sont donc ces sujets - et d'autres encore, à l'image de la situation en Libye - que le commissaire européen à l'Elargissement va aborder avec les responsables algériens. Il animera, ce matin, une conférence de presse conjointe avec Mourad Medelci. A. B.